En tant que parents, une naissance prématurée nous marque durablement. Malgré l’envie d’agrandir la famille et de donner un petit frère ou une petite sœur à son enfant, nous pouvons éprouver des angoisses à l’idée de concrétiser ce projet. Cette grossesse sera-t-elle aussi difficile que la précédente ? Vais-je réussir à garder mon bébé au chaud jusqu’au terme ? Vais-je revivre ce parcours si éprouvant en néonatologie ? Mille et une questions surviennent, si bien que la décision de vivre une nouvelle grossesse après une naissance prématurée n’a rien d’une évidence. Dans cet article, nous abordons le ressenti des parents à ce sujet et des pistes pour vous accompagner dans cette réflexion.
Nous ne sommes ni médecins ni psychologues, nos contenus ne doivent pas être considérés comme des avis médicaux. Pour toute question médicale, consultez un professionnel.
Sommaire
- 1 Que ressentent les parents de bébé prématuré à l’idée d’une nouvelle grossesse ?
- 2 L’importance de l’accompagnement médical pour vivre une nouvelle grossesse après une naissance prématurée
- 3 Partager vos inquiétudes et vos doutes pour ne pas rester seul·e
- 4 S’approprier totalement ce temps de grossesse
Que ressentent les parents de bébé prématuré à l’idée d’une nouvelle grossesse ?
La question d’une nouvelle grossesse après une naissance prématurée est délicate tant elle est chargée de peur, de doutes et d’espoir. Est-ce que l’expérience précédente va se renouveler ? Vous le savez déjà, il est impossible de prévoir le cours des événements et c’est bien cet inconnu qui nous bouleverse en tant que parents.
Sur les réseaux sociaux de Petit mais Costaud, nous avons interrogé notre communauté pour connaître leur ressenti et leur parcours : souhaitez-vous vivre une seconde grossesse ? Si vous l’avez déjà vécue, quelle fut votre expérience ? Voici quelques-uns des retours obtenus :
« Je rêvais d’avoir 2 enfants, mais c’est déjà un tel miracle d’avoir notre fils en pleine forme et sans séquelles qu’on ne va pas tenter le diable… »
« Une grossesse ne ressemble jamais à une autre (mère de 3 prémas, 3 champions !) »
« Personnellement, je voulais trois enfants… Ma petite puce a été une vraie guerrière et elle est aujourd’hui en pleine forme, mais j’ai complètement changé d’avis. J’ai terriblement peur de revivre la même chose… J’espère quand même qu’un jour je changerai d’avis, je me laisse du temps… »
« Je me suis posé beaucoup de questions… Mais j’ai fini par me dire qu’après une naissance préma, le corps médical pousserait la surveillance au maximum et qu’en me reposant au maximum, ça pourrait marcher. Mon fils est prématuré, mais j’ai tenu plus longtemps que pour sa sœur. Je ne regrette rien quand je le vois aujourd’hui même si ça a été très difficile. »
« J’ai attendu 5 ans avant de vouloir un autre enfant, après l’accouchement de ma grande fille de 26+4. Et bien grossesse gémellaire mono-bi, alors j’ai eu une 2e grossesse très suivie, avec une hospitalisation de plus de 2 mois, et un accouchement à 33+3, une réelle victoire après toutes ces semaines de MAP ! »
Si la peur est partagée par bon nombre de parents, vos expériences témoignent aussi d’une réalité : chaque personne et chaque famille avance à son rythme. La prématurité est une épreuve qui ne s’efface pas au retour à la maison, elle requiert de la patience, du temps et de l’adaptation. Quels que soient votre choix ou vos envies, ils doivent être respectés et il est important de vous écouter. Comme vous le rappelez : chaque grossesse est unique. Bien que certaines se ressemblent, d’autres sont vécues complètement différemment.
L’importance de l’accompagnement médical pour vivre une nouvelle grossesse après une naissance prématurée
Si, comme le rappelle l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), 50 % des naissances prématurées sont spontanées, l’autre moitié répond à des facteurs différents. La connaissance de la cause de ce premier accouchement avant terme peut permettre une orientation adaptée dans le cadre d’une deuxième grossesse.
Le seul fait d’avoir vécu une naissance prématurée ne garantit pas que cela se reproduira à nouveau. Cependant, certains facteurs prédisposent à ce risque comme l’évoque Marion, maman de 2 petits costauds :
« Ma fille est née en avance, mais jamais on ne m’avait prévenue que pour une 2e, 3e ou 4e grossesse, je pouvais accoucher de manière prématurée. Quand je suis tombée enceinte de mon fils, la gynéco m’en a parlé tout de suite : “on ne vous a jamais dit que vous avez un utérus ultra-contractile et que, quel que soit le nombre de grossesses, il y aura toujours des risques ?” Non. À la suite de ça, les suivis se sont faits plus régulièrement pour surveiller la fréquence des contractions et mon col. »
La surveillance d’une grossesse avec antécédent de prématurité dépend véritablement de votre parcours. Néanmoins, le suivi médical permet de repérer des situations à risques et de dépister le plus tôt possible des complications susceptibles de conduire à un accouchement prématuré. Dans tous les cas, il est important de vivre cet accompagnement avec une personne qui comprend les enjeux et possède une connaissance des spécificités de ce vécu.
Si vous ne bénéficiez pas d’une telle approche, il ne faut surtout pas hésiter à demander une seconde opinion comme le montre l’expérience de Laure :
« Lorsque j’ai appris que j’étais enceinte, j’ai spontanément pris rendez-vous avec mon gynécologue de ville. Je lui ai apporté le compte-rendu de mon premier accouchement, prématuré, dans lequel il était écrit noir sur blanc qu’il m’était recommandé d’être suivie directement dans une maternité de niveau 3 pour une prochaine grossesse. La réaction de mon gynécologue, me disant d’attendre le terme de 3 mois avant de m’inquiéter ou de prendre des précautions particulières, ne nous a pas rassurés. Nous ne remettons absolument pas en cause son avis médical ou ses compétences, mais étant surpris de ne pas avoir une prise en charge plus personnalisée, nous avons pris rendez-vous avec la maternité de niveau 3 la plus proche. Et là, nous avons eu le sentiment d’être réellement écoutés, notre antécédent de prématurité a tout de suite été pris en compte avec un suivi renforcé. Être bien accompagnés nous aide à vivre cette nouvelle expérience plus sereinement, bien que l’inquiétude quant à un nouvel accouchement avant terme demeure bien présente. »
En plus d’être nécessaire, ce suivi médical sert aussi à adapter l’accompagnement par rapport à votre vécu. Les rencontres et les examens réguliers apportent des éléments tangibles qui aident à nous rassurer tout au long du parcours. Les soignants sont là pour répondre à vos doutes et vous aider à avancer, jour après jour.
En plus du suivi médical, vous pouvez également vous faire accompagner pour vivre sereinement votre grossesse avec un·e accompagnant·e périnatal·e dont le rôle va être, en partie, de vous soutenir émotionnellement.
Marie Tessier, infirmière puéricultrice et créatrice de Bidiboo, indique ainsi sur nos réseaux sociaux :
« Dans certains cas, connaître la cause de la première naissance prématurée peut aider à mettre en place les surveillances nécessaires et un suivi spécifique. Je pense également que s’écouter, prendre le temps nécessaire pour prendre soin de soi, choisir une sage-femme avec qui on se sent bien, se faire suivre également par un psychologue pour partager ses angoisses, s’approprier ce temps de grossesse totalement peut aider énormément. »
Partager vos inquiétudes et vos doutes pour ne pas rester seul·e
L’entourage constitue un allié d’une puissance incroyable pour vous soutenir et vous donner des forces au quotidien. Chaque grossesse est différente et même s’il est impossible de dissiper totalement vos craintes, votre entourage peut vous aider à les apaiser.
Lors d’une première grossesse, les parents se projettent et imaginent la venue de leur bébé avec une symbolique intime et personnelle. La naissance prématurée bouscule indéniablement ce projet. Pour un deuxième enfant, le procédé inverse s’opère : les parents redoutent la répétition d’une naissance avant terme. L’impact émotionnel de cette expérience dépend de chaque parcours et n’est bien sûr pas à minimiser si vous envisagez d’agrandir votre famille.
Pour surmonter vos angoisses et ce sentiment de culpabilité qui ne cesse de refaire surface, il peut être important de chercher une écoute bienveillante, empathique et disponible. Vous pouvez rencontrer ce soutien et cet accompagnement psychologique auprès de vos proches, mais aussi chez un·e psychologue. Quel que soit votre choix, le fait de partager vos doutes au lieu de les garder enfouis vous permettra de mieux les gérer.
Si vous le souhaitez, vous pouvez également vous rapprocher de votre service de néonatalogie ou d’associations spécialisées dans la prématurité dans le but de rencontrer des parents possédant un parcours similaire au vôtre.
S’approprier totalement ce temps de grossesse
Durant votre grossesse, si vous décidez de sauter le pas, vous aurez besoin de prendre soin de vous avec des activités relaxantes qui vous apaisent et vous font du bien. Ces moments varient bien sûr en fonction de vos capacités, de votre énergie et de vos envies.
Cela peut être de lire un livre, de déconnecter en écoutant votre album favori, de prendre un bain avec des odeurs réconfortantes, de réaliser une pause cocooning, de prendre rendez-vous pour un massage, une séance de réflexologie plantaire ou une session d’ostéopathie pour vous détendre… Tout ce qui vous permettra de chasser le stress et de vous recentrer sur vous est bienvenu !
Si vous le pouvez, essayez de vous accorder des moments de repos et d’attention, même si la tâche n’est pas aisée lorsqu’il faut s’occuper des aîné·e·s… Peut-être pouvez-vous demander de l’aide à vos proches ou vos voisin·e·s afin qu’ils prennent le relais de la garde de votre ou vos enfants de temps et temps ou pour qu’ils vous donnent un coup de main avec la logistique (transport, courses, etc.).
Vivre une nouvelle grossesse après une naissance prématurée demande de se sentir prêt à franchir cette étape. Vous seul pouvez savoir si vous désirez renouveler l’expérience. La décision n’a rien de facile, c’est pourquoi il est important d’être bien entouré, que ce soit au niveau émotionnel ou médical. Nous laisserons le mot de la fin à Laure, qui synthétise parfaitement les réflexions de cet article :
« Nous devons avouer que nous nous sommes posés des centaines de questions avant de nous lancer à nouveau dans l’aventure ! Et aujourd’hui encore, nous ne sommes pas complètement sereins malgré un suivi médical bien plus poussé que pour notre petit costaud. Nous ressentons bien au-dessus de nos têtes cette épée de Damoclès qu’est la prématurité. Cependant, voir notre petit garçon se réjouir de devenir grand frère et être déjà très attentif à ce ventre qui s’arrondit apaise toutes les inquiétudes. »
Nous serions heureux de recevoir votre témoignage sur votre expérience et vos ressentis. Si vous le souhaitez, vous pouvez nous partager votre histoire sur notre page contact, en message privé sur nos réseaux sociaux (Facebook et Instagram) ou dans les commentaires de cet article.
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