Maman d’une petite fille née grande prématurée, Alexandra est l’auteure de deux livres parlant de la prématurité : Toi, mon bébé prématuré et Matéli rencontre Léa. Alexandra a accepté de nous partager son parcours, son “expérience” de la prématurité et le cheminement qui l’a menée à écrire ces deux ouvrages.
Merci Alexandra !
Sommaire
- 1 Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
- 2 Y-a-t-il eu un/des moments qui vous ont particulièrement marquée dans votre parcours ?
- 3 Pouvez-vous nous parler de votre “expérience” de la prématurité ?
- 4 Qu’est-ce qui vous a amenée à écrire sur la prématurité ?
- 5 De quel constat êtes-vous partie ? Quelles thématiques souhaitiez-vous adresser et de quelle manière?
- 6 Comment vos deux livres ont-t-il été conçus ? A quels publics s’adressent-ils ?
- 7 Vous reversez une partie des revenus de vos livres à deux associations, pouvez-vous nous en dire plus ?
- 8 Où peut-on trouver vos livres ?
- 9 -Quels messages et quels conseils souhaiteriez-vous donner aux parents de nouveaux-nés prématurés ?
Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
Je m’appelle Alexandra Le Dauphin. J’exerce le captivant métier de rédactrice web / chargée de communication. Autrement dit, je passe mon temps à écrire et j’adore cela.
J’officie en télétravail, ce qui est une chance extraordinaire car cela me permet d’être une femme active et une maman à la maison pour ses enfants. J’apprécie de pouvoir ainsi les voir grandir tout en m’épanouissant dans mon activité professionnelle.
Y-a-t-il eu un/des moments qui vous ont particulièrement marquée dans votre parcours ?
Avant de devenir rédactrice web, j’exerçais en tant qu’assistante commerciale. Et puis un jour, sans crier gare, je me suis fait licencier par mon entreprise qui connaissait la crise et a dû se séparer de plusieurs personnes pour motif économique.
Si, sur le coup, j’ai accusé le choc, j’ai compris des années après le pourquoi de cet évènement : je n’étais pas à ma place…Aujourd’hui tout est clair et je suis ravie d’avoir changé d’orientation.
Pouvez-vous nous parler de votre “expérience” de la prématurité ?
En 2006, je tombe enceinte de mon aînée, ma fille Elina. J’exulte ! Les premiers mois se passent sans encombre jusqu’à l’échographie morphologique du 5ème mois où l’on me dit : « votre fille est un peu petite ». Rien de plus.
Je ne me sens pas rassurée et compare les mesures de ma fille avec celles trouvées sur Internet pour un bébé du même stade. C’est la douche froide… Je comprends qu’il y a un problème, que ma fille ne grandit clairement pas assez vite.
Mais jamais je n’aurais imaginé qu’elle allait naître à 6 mois de grossesse, sortie en urgence pour la placer dans un environnement où elle pourrait mieux évoluer. Quel choc pour une mère que de se dire que notre ventre est devenu un cocon morbide pour notre bébé.
Elina est restée 90 jours à l’hôpital, soit le temps qu’il lui manquait dans mon utérus. Il y eut des jours ternes rythmés par les désaturations de ma fille et les angoisses que cela nous générait, à mon mari et moi.
Un arrêt cardiaque a failli lui coûter la vie mais les équipes de l’hôpital Pellegrin ont fait le nécessaire pour la ramener.
La prématurité, c’est vraiment un traumatisme pour tous les parents. Cela laisse des stigmates, des plaies ouvertes qui cicatrisent avec le temps mais sont vite promptes à se rouvrir à la moindre toux…
Qu’est-ce qui vous a amenée à écrire sur la prématurité ?
A la base, c’était un moyen d’exorciser ma tristesse, ma souffrance et le sentiment de culpabilité que je ressentais. Ecrire m’a permis de canaliser ma douleur et de la partager. Ainsi, j’ai noué mes premières amitiés avec d’autres parents ayant vécu la même chose au même moment.
Jamais je n’aurais pensé en faire un livre… D’ailleurs, mes ouvrages sur ce thème sont venus plus tard, une fois que j’étais prête à explorer le sujet en profondeur sans tomber dans les abîmes…
De quel constat êtes-vous partie ? Quelles thématiques souhaitiez-vous adresser et de quelle manière?
Je voulais mettre en lumière le RCIU (retard de croissance intra-utérin) qui a touché ma fille car je trouvais que l’on n’en parlait pas assez. Au moment où il m’a frappée, je ne savais pas du tout ce que c’était.
Il m’importait également de laisser la parole à d’autres parents touchés par différents types de naissances prématurées comme celles causées par une pré-éclampsie par exemple.
Afin de traiter le sujet avec un œil médical, j’ai interviewé des puéricultrices et un intervenant d’un centre de lactarium.
Comment vos deux livres ont-t-il été conçus ? A quels publics s’adressent-ils ?
Mes deux livres diffèrent par le public qu’ils touchent.
D’un côté, « Toi mon bébé prématuré » (éditions la boite à Pandore) vise un public adulte. Il reprend des témoignages de parents ainsi que le parcours de ma fille à l’hôpital et son évolution par la suite. Il me semblait important de dévoiler comment elle a grandi, pour montrer qu’il y a de l’espoir, même avec des bébés de moins de 600 grammes à la naissance.
De l’autre côté, mon livre jeunesse « Matéli rencontre Léa » est une histoire pour les 2 à 5 ans mêlant phrases accessibles pour les jeunes enfants et illustrations colorées avec des animaux. J’ai choisi des ours et un univers doux afin d’aborder le thème sensible de la prématurité. Il s’agit de pouvoir en parler sans effrayer la fratrie, qui se pose de nombreuses questions par rapport au fait que le dernier-né est resté à l’hôpital.
Vous reversez une partie des revenus de vos livres à deux associations, pouvez-vous nous en dire plus ?
J’ai en effet décidé de reverser pour chacun de mes livres sur le thème de la prématurité la moitié de mes droits d’auteur.
Pour « Toi, mon bébé prématuré », j’ai choisi d’aider l’association « A p’tits pas » du CHU Pellegrin de Bordeaux. Elle est rattachée au service de néonatologie de l’hôpital, service qui a veillé avec amour sur ma fille.
Concernant « Matéli rencontre Léa », j’ai décidé d’épauler l’association « Les fées bleues » du CHU Pellegrin de Bordeaux, association liée au service de réanimation de l’hôpital qui, lui, a sauvé ma fille.
Où peut-on trouver vos livres ?
Mes livres sur la prématurité sont disponibles sur toutes les plateformes de vente en ligne comme la FNAC, Cultura, Amazon… On peut également se les procurer sur commande dans la majorité des librairies de France ou de Belgique.
-Quels messages et quels conseils souhaiteriez-vous donner aux parents de nouveaux-nés prématurés ?
J’ai deux choses à leur communiquer, mes deux piliers qui m’ont aidée à surmonter ce traumatisme :
- écrire. Je vous conseille de coucher sur le papier vos émotions, de vous livrer sans pudeur à la feuille blanche pour évacuer les pensées noires.
- communiquer. Je m’étais inscrite sur des forums de mamans de prématurés et cela m’a énormément aidée. Nous échangions sur nos craintes puis sur les progrès de nos bébés, leurs séquelles éventuelles…Je me suis sentie comprise.
Merci beaucoup Alexandra d’avoir répondu à cette interview !
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter :
Merci pour cet article et pour ce magnifique témoignage ! Bravo à cette maman de souhaiter accompagner les parents et les fratries qui sont confrontés à la prématurité ! Le livre est vraiment un très bon outil de médiation !
Merci beaucoup pour votre commentaire 🙂
Merci pour votre message ! Cela me touche beaucoup.
Merci pour ton témoignage! Sans aucun doute tes livres et tes conseils en fin d’article aideront de nombreux parents confrontés à la prématurité. S’entourer en cas de coup dur est essentiel.
En parler, je pense, est essentiel, si possible avec des gens qui ont vécu ce traumatisme. Merci pour ce commentaire !
Merci pour ce gentil commentaire 🙂 en parler me semble important pour exorciser la douleur et mieux la surmonter.
Beau père de jumeaux de 14 ans ultra prématurés et handicapés mon point de vue est un peu décalé pour le coup. Leur mère en effet parle encore de cela comme d’un traumatisme , au dela du handicap des garçons, la mettant dans un role de “mère qui ne sait pas faire des enfants” .. . Sujet sensible !
Bonjour Cédric, merci pour ton message et ton partage sur ce sujet sensible. La prématurité est une épreuve pour toutes celles et tous ceux qui y sont confrontés. Chaque histoire est différente, mais il y a encore beaucoup à faire pour que la prématurité soit mieux comprise et mieux accompagnée. Nous y avons dédié un article il y a quelque temps, où nous partageons notre propre parcours, et notre expérience parfois contrastée (https://www.petitmaiscostaud.fr/bebe-premature/). Bonne journée
Cédric, je suis désolée de lire ceci. Votre femme n’est en rien responsable de la situation. J’espère qu’elle pourra panser ses blessures avec le temps. Je lui envoie tout mon soutien et si elle a besoin d’en parler, n’hésitez pas à la diriger vers moi.
Votre femme n’est en rien responsable…J’espère qu’elle pourra vite panser les blessures de ce traumatisme. Si elle a besoin d’en parler, dites-lui que je suis disponible avec plaisir; vous avez raison de souligner que l’issue n’est pas toujours favorable pour les grands prématurés.
Merci pour cette interview sincère qui prend aux tripes à certains passages. C’est une bien belle façon que l’auteure a eue de transformer une expérience difficile en bénéfice pour autrui.
Merci beaucoup pour votre commentaire. Cela me touche beaucoup.
Très joli témoignage ! Merci. Pour la parenthèse je suis également convaincu que l’écriture est un médicament à la portée de tous… Mais sans forcément sans pousser jusqu’à écrire un livre entier. Chapeau à cette maman !
Merci !!!! Après pour tout vous dire, j’avais déjà des maisons d’édition par rapport à mes autres livres; mes ouvrages sur la prématurité étant venus après, je savais que j’avais l’opportunité qu’ils soient publiés et qu’il fallait que j’essaie de fait. J’ai eu la chance que mes deux maisons d’édition respectives acceptent.