Durant son hospitalisation, votre petit·e costaud va connaître plusieurs examens pour suivre son état de santé. Face à l’univers ultra-médicalisé et à cette situation aussi incertaine qu’inquiétante, nous nous sentons souvent démunis en tant que parents. Il n’est pas évident de prendre ses marques dans un service de néonatologie qui ressemble à un décor de science-fiction ni de décrypter le sens de toutes les procédures que suit notre bébé. Nous tentons de vous aider à comprendre les examens de votre nouveau-né prématuré afin que vous puissiez mieux appréhender ce quotidien déstabilisant. Séverine Prat, ex-infirmière en réanimation néonatale, aujourd’hui spécialisée en ostéopathie périnatale et pédiatrique, nous détaille le contexte des examens et leurs objectifs dans cet article.

En quoi consistent les examens d'un nouveau-né prématuré ?

Cet article a été écrit en collaboration avec Séverine Prat. Un grand merci à elle de prendre le temps de partager ses connaissances sur les examens de nos nouveau-nés prématurés.

Le bilan d’entrée de votre petit·e costaud

Lorsque votre mini super-héros ou super-héroïne intègre le service de néonatologie, il ou elle réalise un bilan d’entrée pour évaluer son état. Cette étape informe les soignants sur la situation de votre petit·e costaud à un instant T. Les examens d’entrée constituent un repère qui permet à l’équipe médicale d’avoir une référence

Les bébés prématurés sont bien sûr des enfants qui nécessitent une surveillance accrue sur tous les systèmes corporels dès leur naissance. En effet, il ne s’agit pas d’adultes avec des organes matures, mais de nouveau-nés dont les organes présentent une immaturité. L’enjeu consiste ici à évaluer ce qui fonctionne et ce qui fonctionne moins bien afin d’apporter une aide pour soutenir les systèmes déficients le temps de la maturation des organes

Ainsi, les examens d’entrée montrent la situation des reins, du foie et des poumons afin d’ajuster les soins qui seront ensuite prodigués à vos minis super héros. Chaque enfant présente des besoins uniques, c’est pourquoi le processus s’adapte continuellement.

Le programme de surveillance classique de votre bébé prématuré

La surveillance des bébés prématurés suit une procédure standard. Un dossier récapitule l’évolution de votre petit·e costaud jour après jour et indique les examens à venir dans le cadre de cette surveillance classique. Sur ce document, une partie est réservée aux médicaments et une autre est consacrée à la surveillance continue et journalière de votre enfant. Dans cette partie, l’infirmier·ère renseigne les données de suivi, toutes les trois heures, telles que le taux d’oxygène dans le sang relevé par le capteur de saturation, la vitesse à laquelle bat le cœur de votre petit·e costaud, les paramètres du respirateur qui ventile ses poumons ou le score qu’il ou elle a calculé sur la douleur. 

Les examens d’un bébé prématuré dépendent de son développement. De manière générale, la temporalité de ce suivi va être similaire d’un établissement à l’autre, néanmoins chaque hôpital possède un fonctionnement propre et des modalités spécifiques pouvant faire évoluer ce calendrier. Pour cette raison, nous aborderons les examens généraux que votre petit·e costaud rencontrera durant son hospitalisation, sans notion de temporalité.

Cette surveillance s’apparente à celle que nous suivons tous et toutes avec notre médecin. Nous le consultons pour le renouvellement des vaccins par exemple et ne réalisons une visite supplémentaire que si nous sommes malades ou en éprouvons le besoin. De la même manière, votre petit·e costaud possède une surveillance classique et ne suivra un examen complémentaire que si son état de santé le nécessite ou que des questions se posent à ce sujet.

Quels sont les examens cliniques d'un nouveau-né prématuré ?

Les examens non spécifiques à la prématurité

Le test de Guthrie

Le dépistage néonatal consiste à rechercher chez tous les nouveau-nés certaines maladies rares dont la plupart possèdent une origine génétique. L’objectif de cet examen repose sur la prévention pour adopter des mesures appropriées avant l’apparition de symptômes et limiter ainsi les conséquences négatives sur la santé des enfants. 

Ces tests de dépistages se réalisent à partir d’une goutte de sang prélevée sur le talon du nourrisson et recueillie ensuite sur un papier buvard avant de l’analyser. Ce prélèvement sanguin, appelé test de Guthrie, s’effectue avec le consentement des parents à partir du troisième jour après l’accouchement.

L’examen des potentiels évoqués auditifs (PEA)

L’examen des potentiels évoqués auditifs (PEA) permet de savoir si l’audition des bébés fonctionne correctement. La procédure consiste à poser des électrodes sur le cuir chevelu et à installer un casque sur les oreilles de l’enfant. Une stimulation auditive est alors réalisée au cours de laquelle l’équipe médicale fait écouter des sons et des infrasons afin d’observer la réponse du tympan. La machine analyse les réactions électriques cérébrales à la stimulation. L’examen dure environ trente minutes et reste indolore.

En maternité, l’examen des PEA se réalise avant le retour à la maison. La spécificité de la réanimation suppose d’effectuer cette procédure dans un milieu ouvert, c’est-à-dire qui ne résonne pas. En effet, un appareil de ventilation crée un flux d’air continu qui ne permet pas de déceler si le tympan réagit aux sons envoyés ou aux vibrations. De la même façon, une couveuse entraîne une importante résonance qui empêche la réalisation de l’examen dans ce cadre. De ce fait, l’examen des PEA peut survenir lorsque le bébé se trouve en berceau en pédiatrie, plutôt en fin d’hospitalisation et sans ventilation. Cet examen peut aussi être répété s’il y a un défaut de captation du tympan, par exemple à la suite d’un bain où il y aura encore une présence d’eau dans les conduits.

Quels sont les examens suivis par un nouveau-né prématuré dans le service de néonatologie ?

Les différents examens de votre nouveau-né prématuré durant son hospitalisation

Les examens respiratoires

Dans les toutes premières minutes de sa vie, votre petit·e costaud va passer une échographie pulmonaire en réanimation néonatale pour évaluer ses capacités respiratoires. Aujourd’hui, cet examen est demandé par les recommandations internationales pour les prémas afin de déterminer s’il s’avère nécessaire ou non d’administrer un médicament nommé le surfactant.

Avant cette instauration, le surfactant était administré d’office, même pour les bébés qui n’en présentaient pas le besoin. Grâce à l’équipe de l’hôpital Antoine Béclère, les soignants possèdent désormais un système d’évaluation des images de l’échographie qui détermine la prescription. Le score LUS (Lung Ultrasound Score), ainsi que d’autres données comme les besoins en oxygène, définit donc l’administration de ce médicament.

Lorsqu’il ou elle naît, notre bébé passe d’un milieu aquatique où ses poumons étaient emplis de liquide amniotique à un milieu aérien, constitué seulement d’air. De ce fait, il est nécessaire d’évaluer comment notre petit·e costaud s’adapte à cette transition. La fonction des poumons consiste à faire passer l’air à travers ses parois pour mettre l’oxygène dans le sang. Ainsi, il faut déterminer très tôt si nos bébés en sont capables. Les soignants évaluent donc ces capacités, mais regardent également si les poumons paraissent durs ou si un système de fibrose apparaît, ce qui pourrait se traduire comme un peu de colle. Si c’est effectivement le cas, alors des adaptations seront nécessaires au niveau de la ventilation. Ces informations sont transmises par l’échographie. Certains services utilisent des radiographies thoraciques pour surveiller l’état des poumons et vérifier si la sonde d’intubation est bien positionnée. 

Les examens pulmonaires sont réitérés pour constater les évolutions et adapter la ventilation en conséquence. De cette manière, l’équipe soignante vérifie également que la paroi du poumon ne présente aucune lésion qui nécessiterait un autre soin. 

Que ce soit avec l’échographie ou la radiographie, l’examen révèle l’anatomie du poumon et son positionnement. Le capteur de saturation montre quant à lui la saturation en oxygène dans le sang. Toutes ces données sont ensuite croisées pour comprendre les causes d’un problème lorsqu’il apparaît.

Les examens cardio-pulmonaires

À la naissance, pour tous les bébés, l’équipe médicale pratique une échographie cardiaque afin d’observer comment le sang circule dans le cœur du bébé. En effet, la circulation sanguine dans le cœur se modifie lorsque le nouveau-né prend ses premières respirations. Un petit canal dans le cœur, appelé canal artériel, doit alors se fermer. Si ce canal reste ouvert, le sang artériel, rempli d’oxygène, et le sang veineux, rempli de CO2, se mélangent. Il se produit alors une baisse globale de l’oxygène dans le corps, ce qui se traduit par des besoins en oxygène plus importants. 

Chez le bébé prématuré, il peut se produire ce qu’on appelle la persistance du canal artériel : le canal reste ouvert durant quelques heures, voire plusieurs jours. Le bébé aura alors des besoins en oxygène bien plus importants. L’échographie cardiaque permet de voir l’anatomie du cœur et surtout la circulation sanguine. Le sang artériel apparaît en rouge et le sang veineux en bleu. Cet examen permet de surveiller les progrès en attendant que ce canal se referme, ce qui explique sa possible répétition plusieurs jours d’affilée. 

Si le canal artériel tarde à se refermer, l’équipe médicale peut prescrire des médicaments qui vont l’aider à y parvenir. Pendant ces cures de quelques jours, l’échographie du cœur permet de surveiller si le traitement fonctionne correctement. Si ce n’est pas le cas, il est possible de refermer ce canal chirurgicalement, voire par endoscopie dans certains pays.

Les examens neurologiques

L’électroencéphalogramme (EEG) et l’échographie transfontanellaire (ETF)

Il existe deux types d’examens pour votre bébé prématuré au niveau neurologique : l’électroencéphalogramme (EEG) et l’échographie transfontanellaire (ETF). L’EEG enregistre l’activité du cerveau afin de vérifier s’il y a des signes de difficultés. Cet examen constitue une référence dès les premiers instants qui permettent ensuite d’évaluer la progression de votre petit·e costaud. Cette photographie atteste d’un état de départ sur lequel se baser par la suite. 

L’ETF se réalise avec un appareil d’échographie qui va permettre au médecin de regarder les structures cérébrales. Cet examen ne fournit pas d’informations sur le fonctionnement du cerveau, mais sur son anatomie. Il vérifie alors que les deux hémisphères se distinguent correctement, la présence d’un liquide autour, d’un saignement ou si quelque chose fait pression sur le cerveau. 

Ces deux examens montrent des informations complémentaires, les données sont donc ensuite couplées pour obtenir une vision précise et la plus complète possible.

L’imagerie par résonance magnétique (IRM)

À la fin de l’hospitalisation et après la sortie de l’hôpital, les bébés prématurés réalisent également une imagerie par résonance magnétique, plus connue sous le nom d’IRM, afin d’évaluer le bon développement du cerveau. Si l’état de santé de votre enfant le justifie, cet examen peut également être réalisé plus tôt. 

Bien que cet examen soit impressionnant, il s’agit d’une procédure indolore pour nos petit·e·s costaud qui sont installés confortablement et maintenus afin de ne pas trop bouger. La raison de cette immobilité repose sur le déroulé de l’examen qui saisit des photographies en haute résolution et nécessite donc de bouger le moins possible pour obtenir des images fiables et observables avec précision. De la même manière que nous pouvons créer un flou sur une photographie avec un mouvement, il en va de même pour nos mini super-héros et super-héroïne.

Si vous le souhaitez, le doudou de votre bébé peut l’accompagner durant l’examen, s’il ne contient pas d’élément métallique. En effet, au cours de cet examen, un champ magnétique est dégagé dans la pièce, à l’image d’un aimant géant. De ce fait, aucun élément métallique ne peut entrer dans la pièce, cela vaut pour les boutons pressoirs des vêtements des bébés prématurés ou les appareils qui surveillent la saturation ou le cœur de votre petit·e costaud, qui seront tous en plastique.

En raison des nombreuses images réalisées au cours de l’IRM, cet examen dure entre trente et quarante-cinq minutes. L’analyse des résultats nécessite l’intervention d’un neuropédiatre radiologue qui partagera son analyse avec le pédiatre de votre petit·e costaud. L’importance de cet examen pour le nouveau-né prématuré implique le recours à un spécialiste et suppose dès lors un délai de quelques jours avant de vous transmettre un avis et un compte-rendu détaillé. Le résultat de l’IRM sera par ailleurs mis en relation avec l’examen clinique réalisé par votre médecin référent pédiatre. Cet examen peut être l’occasion de solliciter un rendez-vous avec votre médecin référent afin de faire le point sur l’état de santé de votre bébé. 

Que ce soit pendant l’EEG ou l’IRM, l’équipe soignante favorise un état de sommeil, si les circonstances le permettent bien sûr.

Comprendre les examens d'un nouveau-né prématuré durant son hospitalisation.

Les examens du pancréas

Le pancréas produit l’insuline dans le corps et permet donc de réguler le taux de sucre dans le sang (glycémie). Le bébé prématuré présente des besoins très importants en sucre pour combler ses dépenses énergétiques. En effet, votre petit·e costaud fait beaucoup d’efforts pour s’adapter à la vie extra-utérine et procéder à la maturation de ses organes. Tout ce travail présente un coût en énergie et donc en sucre. Pour cette raison, l’équipe soignante lui apporte énormément de sucre dans la perfusion ou nutrition parentérale. Cependant, son pancréas n’est pas tout à fait prêt à réguler cet apport en sucre selon ses dépenses, d’où la nécessité de surveiller sa glycémie pour ajuster le taux de sucre de sa perfusion au plus près de ses besoins. 

L’équipe médicale procède à la surveillance de la glycémie avec deux examens : le dextro et la bandelette urinaire. Le dextro consiste à réaliser une petite piqûre au talon afin de recueillir une petite goutte de sang. Le lecteur de glycémie permet ensuite de connaître le taux de sucre dans le sang. Si le résultat est bas, le bébé manque de sucre et se trouvera en hypoglycémie. Si ce taux est élevé, alors le bébé a trop de sucre et présente donc une hyperglycémie. En fonction du résultat, le médecin ajustera la perfusion. 

Les soignants peuvent également procéder à un recueil d’urine en plaçant un échantillon d’urine sur une bandelette urinaire afin de savoir, entre autres, si du sucre est présent dans les urines. Si c’est le cas, cette information peut signifier que le bébé possède une présence de sucre dans l’organisme trop importante.

L’examen du foie

Un autre examen essentiel pour nos petit·e·s costauds est le calcul de la bilirubine qui circule dans le sang ou bilirubinémie. Cette molécule est issue de la dégradation naturelle des globules rouges. En raison de l’immaturité du foie, nos bébés prématurés présentent parfois des difficultés à métaboliser et à éliminer la bilirubine. De ce fait, cette dernière peut se retrouver en excès dans le sang et entraîner un ictère, c’est-à-dire une coloration jaune de la peau, plus connue sous le nom de jaunisse. 

Pour vérifier si votre mini super-héros ou super-héroïne présente un taux de bilirubine cutané élevé, l’infirmier·ère va procéder à un examen avec un capteur semblable à un pistolet lumineux. Si le résultat correspond aux normes attendues par rapport à l’âge de votre bébé, son poids et son terme, alors aucune intervention supplémentaire ne sera nécessaire. Si ce score est supérieur aux normes, alors l’équipe médicale va procéder à un examen sanguin. 

Le traitement d’un excès de bilirubine correspond à une exposition à la lumière bleue, la photothérapie. La durée de cette exposition varie en fonction des protocoles de service, de l’intensité des séances et de l’évolution du taux.

Les examens externes

La présence d’un excès d’oxygène dans le corps est un facteur favorisant la production de radicaux libres, pouvant gêner le développement de la cornée, qui va alors s’épaissir. Les enfants nés prématurément présentent ainsi une prédisposition à la rétinopathie du nourrisson. Pour vérifier cette pathologie, un examen approfondi de l’œil s’avère nécessaire. Un ophtalmologiste spécialisé en pédiatrie va alors réaliser un fond d’œil, c’est-à-dire une photographie en haute résolution des yeux avec une lumière puissante. L’évaluation de ces images déterminera la présence ou l’absence d’une rétinopathie, ainsi que son stade d’avancement

Si cette pathologie est confirmée, l’équipe médicale surveillera attentivement son évolution. En effet, il n’est pas rare qu’elle survienne à la suite d’un excès d’oxygène et qu’elle guérisse d’elle-même. L’œil a des capacités de régénération, c’est pourquoi une intervention ne sera pas programmée dès la découverte d’une rétinopathie et que des fonds d’œil seront réalisés avec une certaine régularité. De ce fait, les bébés qui ne présentent pas de rétinopathie auront une fréquence de cet examen moins élevée qu’un enfant qui manifeste des symptômes. Si la pathologie ne se résorbe pas d’elle-même, alors il est possible d’intervenir chirurgicalement dans des hôpitaux spécialisés.

Quel est le but des examens réalisés sur un bébé prématuré à l'hôpital ?

Le monitoring : la surveillance continue de votre petit·e costaud

La surveillance classique de votre bébé prématuré s’appelle le monitoring. Cette attention constante comprend l’ensemble des éléments à vérifier en continu et en temps réel afin de s’assurer que tout va bien pour votre petit·e costaud. Le cœur d’un enfant né prématurément fonctionne généralement correctement puisqu’il s’agit d’un des premiers organes « performant » qui se développe durant la grossesse. Néanmoins, l’équipe médicale place un capteur afin de vérifier la régularité des battements et déceler tous signes de problèmes. Si le signal descend, l’équipe médicale parle de bradycardie, s’il augmente, il s’agit de tachycardie. 

Parmi les données enregistrées en continu, nous retrouvons le taux d’oxygène avec la saturation, la fréquence respiratoire et la température. Cette dernière est enregistrée par le biais d’un capteur qui va ensuite permettre d’adapter la température de la couveuse selon les besoins de votre petit·e costaud.

Tout ce monitoring est organisé pour maintenir les systèmes stables et pour s’assurer que tous les soutiens mis en place fonctionnent correctement. En attendant la maturation du corps de nos mini super-héros et super-héroïnes, le service de néonatologie mène un monitoring cardiaque, respiratoire, des échanges gazeux et un thermomonitoring réguliers. Des examens approfondis ne sont réalisés que si ce monitoring révèle un besoin de votre petit·e costaud.

Quelle est la prise en charge de la prématurité à l'hôpital ?

Les examens cliniques : l’observation de votre bébé prématuré au quotidien

L’auscultation

Parmi les examens de votre bébé prématuré, il y a ceux qui ne nécessitent aucun matériel que l’on nomme clinique et qui comportent donc l’auscultation. Cet examen s’appuie sur des gestes de palpations et un stéthoscope pour évaluer l’état de votre petit·e costaud, notamment sa tonicité. Le médecin effectue une palpation abdominale à l’arrivée du bébé dans le service et lors des prescriptions. De cette manière, il ou elle observe chaque organe au toucher et constate si un endroit semble dur ou s’il apparaît douloureux. Ces sensations témoignent d’un inconfort et d’un possible problème.

Dans ce cas, un examen complémentaire comme une échographie ou une radiographie pourra être prescrit. Le stéthoscope va rendre audibles les bruits de l’organisme : le rythme auquel bat le cœur, le passage de l’air dans les poumons, les gargouillis qui résonnent dans le ventre. L’échographie nous montre les images des organes et la manière dont ils se positionnent les uns par rapport aux autres.

L’examen de la douleur

L’examen de la douleur est un examen clinique essentiel pour les bébés prématurés. La douleur chez un nouveau-né doit être prise au sérieux puisqu’elle manifeste un problème somatique. La souffrance n’a rien de psychologique, elle offre un signal d’alarme qu’il faut prendre en compte pour assurer le bien-être de nos petit·e·s costauds. La question à se poser est : pourquoi se manifeste-t-elle et qu’est-ce qu’elle nous raconte sur le vécu du bébé ? Vanessa Alix, spécialiste de la douleur chez le bébé prématuré, évoque ce questionnement et donne des conseils pour accompagner nos enfants dans cet interview. Vanessa mentionne notamment les trois échelles fréquemment utilisées :

  • EDIN (échelle de la douleur et de l’inconfort du nouveau-né) pour évaluer la douleur prolongée et l’inconfort du bébé qui présente différentes observations (visage, corps, sommeil, relation et réconfort) côté de 0 à 3. Vous pouvez consulter un exemple sur ce document ;
  • DAN (douleur aigüe du nouveau-né) comprend les réponses faciales, les mouvements des membres et l’expression vocale de la douleur lors d’un soin douloureux. Vous trouverez un exemple de cette échelle d’évaluation sur ce document ;
  • COMFORT pour les douleurs aigües et/ou prolongées en réanimation et la profondeur de sédation. Vous pouvez découvrir un exemple de cette grille sur ce document.

En ce qui concerne l’échelle d’évaluation EDIN, Séverine Prat nous partage d’ailleurs une anecdote : « C’est Betty Sgaggero, notre ancienne cadre de service à Béclère, qui l’avait créée avec son équipe à l’époque. Ils ont été les précurseurs de la douleur du prématuré dans le monde et ont présenté leur travail d’évaluation à l’UNESCO. Les services de réanimation néonatale du monde entier l’ont ensuite adopté et ont basé leurs soins sur le calcul de l’EDIN. C’est une grande fierté d’avoir travaillé avec cette équipe qui a changé tant de choses pour la douleur des prématurés, et une grande responsabilité de poursuivre leur héritage. »

L’observation réalisée par les parents

Les données du monitoring doivent être couplées avec l’observation du bébé. Cette surveillance clinique se réalise avec vous, les parents, présents auprès de votre bébé en permanence. Vous pouvez constater de nombreuses informations essentielles qui servent aux soins comme la couleur de la peau (blanche, grise, orangé, etc.), la façon de respirer (essoufflé, sereine, etc.), la qualité de sommeil et la qualité d’éveil. Parfois, il arrive que nos petit·e·s costauds ne portent pas d’habits afin de mener cette surveillance clinique plus facilement. Nous évoquions en détail cette question des vêtements des bébés prématurés dans cet article.

Pour vous montrer l’importance de l’observation, Séverine Prat a partagé une anecdote saisissante. Un jour, une maman lui a annoncé en regardant la couveuse de son bébé qu’il « n’a pas la même couleur qu’hier ». Séverine, qui n’était pas présente la veille, demande alors des précisions et la maman évoque alors qu’elle le trouve blanc, voire gris. Cette nuance a conduit Séverine à informer immédiatement le médecin, qui a ensuite mené des examens complémentaires qui ont révélé une infection. En tant que parents, vous êtes présents tous les jours auprès de votre enfant, vous pouvez faire confiance à vos ressentis, les écouter et les partager avec les soignants qui vous entourent. Cette démarche est d’ailleurs valorisée dans les soins de développement et la charte du nouveau-né hospitalisé.

Durant l’hospitalisation de nos petits costauds, la surveillance est continue pour s’assurer qu’aucun problème ne survienne. Si un doute émerge, soit à la suite du monitoring, soit après un examen clinique, alors l’équipe médicale peut être amenée à réaliser des examens complémentaires comme une prise de sang, des urines (ECBU par exemple), mais aussi un EEG ou un ETF afin de vérifier l’anatomie ou le fonctionnement d’un organe.

L’ensemble de l’équipe médicale travaille pour la santé, le bien-être et le confort de votre bébé. Nous vous présentions avec Séverine Prat le fonctionnement du service de néonatologie et de son personnel qui œuvre chaque jour pour que nos petit·e·s costauds gagnent en autonomie et grandissent dans de bonnes conditions. Les soignants constituent un pilier sur lequel vous appuyer dès qu’un questionnement apparaît, n’hésitez pas à les solliciter si vous en ressentez le besoin. Nous avons également reçu de nombreux témoignages sur cette relation de confiance que nous vous invitons à consulter. Si vous souhaitez découvrir d’autres sujets liés à la prématurité, nous partageons sur notre blog de nombreuses ressources pour vous accompagner à notre échelle dans l’aventure de la parentalité.

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