Les organes de nos bébés grandissent tout au long de la grossesse. Certains apparaissent fonctionnels tôt, d’autres nécessitent une période de maturation plus longue. Ainsi, lorsqu’un nouveau-né pointe le bout de son nez en avance, sa croissance n’a pas atteint son terme. L’immaturité de plusieurs systèmes corporels de nos petit·e·s costauds conduit à une hospitalisation afin de leur donner le temps d’étendre leur autonomie dans un milieu adapté à leurs capacités. Quelles sont-elles justement ? Nous vous proposons de comprendre le développement de votre bébé prématuré dans cet article avec Séverine Prat, ex-infirmière en réanimation néonatale, aujourd’hui spécialisée en ostéopathie périnatale et pédiatrique et Solène Carval, infirmière puéricultrice en réanimation néonatale spécialisée dans les soins de développement.
Cet article a été rédigé en collaboration avec Séverine Prat et Solène Carval, un grand merci à elles d’avoir pris le temps de partager leurs connaissances et leurs conseils !
Par ailleurs, nous ne sommes ni médecins ni psychologues, nos contenus ne doivent pas être considérés comme des avis médicaux. Pour toute question médicale, consultez un professionnel.
Sommaire
Les trois périodes de prématurité distinguées à l’hôpital
La prématurité ne se définit pas en fonction du poids de votre petit·e costaud à la naissance, mais par rapport à son âge gestationnel ou en semaines d’aménorrhée (SA). Dès lors, une naissance prématurée survient avant 37 SA, soit environ quatre semaines avant la date prévue pour l’accouchement.
Ainsi, trois périodes se détachent en ce qui concerne la prématurité :
- la prématurité dite « simple » pour les enfants nés entre de 32 SA à 36 SA (+ 6 jours) ;
- la « grande » prématurité pour les nouveau-nés de 28 SA à 31 SA (+ 6 jours) ;
- « l’extrême » prématurité pour les bébés de 23-24 SA à 27 SA (+ 6 jours).
Selon le niveau de prématurité de votre petit·e costaud, il ou elle sera ensuite conduit·e dans une unité de néonatologie ou un service de réanimation néonatale. Nous avons consacré un article sur le service de néonatologie et son personnel pour que vous puissiez vous familiariser avec ce cadre hospitalier.
Les trois âges donnés à un nouveau-né prématuré
L’âge comprend trois données pour un bébé prématuré. En effet, votre petit·e costaud possède un âge gestationnel qui correspond au terme de la grossesse au moment de sa naissance. Ensuite, il existe l’âge réel qui caractérise le délai écoulé en jours, semaines ou mois depuis l’accouchement. Enfin, l’âge corrigé, aussi appelé âge post menstruel, définit l’âge que votre bébé devrait avoir s’il était né à terme.
Cette dernière indication sert de repère pour le développement de votre bébé prématuré au cours de la phase initiale. Les soignants tiennent compte de l’âge corrigé jusqu’aux deux ans de votre petit·e costaud.
Les caractéristiques du développement de votre bébé prématuré
Comme le rappellent Laure et Gaël dans l’article des 1 000 premiers jours, un bébé prématuré n’est pas seulement fragile, il présente une immaturité qui nécessite une installation particulière pour qu’il se développe à son rythme, « comme il l’aurait fait in utero ». Bien sûr, cette immaturité est multiple et évolue en fonction du niveau de prématurité de votre petit·e costaud.
Son objectif dans l’unité de soins néonatale va être de développer son autonomie, que ce soit pour respirer sans assistance respiratoire, manger sans petite sonde pour l’aider ou réguler sa température sans couveuse. Nous évoquions d’ailleurs ce dernier point dans notre article sur les vêtements des bébés prématurés. Nous vous proposons de retrouver quelques aspects du développement de votre bébé prématuré.
La peau de votre nouveau-né
Les caractéristiques de la prématurité
Notre peau agit comme un intermédiaire pour protéger notre organisme de l’extérieur. Cette véritable fonction barrière évite par exemple la déshydratation et limite la pénétration de substances potentiellement toxiques qui pourraient entrer en contact avec notre peau. Chez le nouveau-né prématuré, cette protection n’a pas atteint un stade de maturité et présente une épaisseur fine et fragile qui demande donc une vigilance. En plus de cet aspect, vous pourrez également observer deux éléments caractéristiques : le lanugo et le vernix.
À partir du 3e mois de grossesse, un fin duvet commence à recouvrir le corps des bébés jusqu’à les envelopper entièrement vers le 5e mois. Ces poils portent le nom de lanugo et ne témoignent pas d’un signe de mauvaise santé, simplement d’une peau sensible aux agressions extérieures ou à d’autres facteurs environnementaux comme la poussière. Le lanugo, présent sur le dos, les épaules, les bras et les jambes du nourrisson, disparaît naturellement au fur et à mesure que la peau gagne en maturité.
« Lorsque notre petit costaud est né à 29SA, nous nous inquiétions du fin duvet noir qui recouvrait ses épaules… Les équipes soignantes nous ont vite rassurés et aujourd’hui la peau de notre fils n’a plus aucun poil ! »
Le vernix correspond à une substance blanche et collante chargée de protéger les bébés des effets desséchants dus à des semaines d’immersion dans le liquide amniotique. Ainsi, la couche protectrice du lanugo et le vernix forment une barrière in utero entre l’épiderme et le milieu aqueux du liquide amniotique. Pour conserver les bénéfices de la couche protectrice du vernix à la naissance, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande de donner le premier bain au moins 6 heures après la naissance et même d’attendre le troisième jour de vie du bébé.
« Notre petit costaud a attendu plusieurs jours avant d’avoir son premier bain. Ses cheveux nous semblaient frisés, mais cela était dû au vernix qui les recouvraient. Nous avons été surpris après son premier bain, ses boucles avaient laissé place à des cheveux bien raides ! »
La création d’un environnement propice au développement de la peau
Les enfants nés à terme acquièrent une fonction barrière équivalente à celle d’un adulte à l’âge de 3 mois. En raison de l’exposition à l’air, la maturation de la peau de nos petit·e·s costauds va s’accélérer. Au bout de deux à trois semaines, la peau d’un bébé prématuré présente les mêmes compétences que celle d’un enfant né à terme et qui vient juste de naître. Elle va ensuite poursuivre doucement sa maturation.
Afin que nos petit·e·s costauds puissent poursuivre le développement de leur peau dans des conditions similaires à celles présentes in utero, l’incubateur adapte sa température au bébé grâce à une sonde thermique et présente une hygrométrie réglable. Au moment de la naissance, ce dernier paramètre est poussé au maximum, puis l’équipe soignante le diminue au fur et à mesure. Lorsque le bébé prématuré gagne en autonomie, les soignants changent alors le mode de l’incubateur, nommé « air », pour s’adapter à sa croissance.
La finesse de la peau des petit·e·s costauds entraîne une sensibilité au froid. Pour réduire ces sensations thermiques, deux techniques sont possibles : l’enveloppement ou les rideaux d’air au niveau de la couveuse qui réduisent les courants d’air. Lorsque les portes de la couveuse sont ouvertes, vous pouvez couvrir la peau de votre bébé ou adapter ses vêtements.
En raison de ce développement de votre bébé prématuré, rien ne doit être appliqué sur la peau de votre nourrisson, sauf prescription médicale.
Le système nerveux central
Le système nerveux central rassemble les fonctions du développement neurologique de votre enfant, que ce soit au niveau cognitif, moteur, sensoriel et relationnel. Certaines régions du cerveau présentent une grande sensibilité en fonction du degré de prématurité de votre petit·e costaud.
Pour vérifier la bonne croissance cérébrale des bébés prématurés, l’équipe médicale procède à différents examens médicaux tels que l’électroencéphalogramme (EEG), l’échographie transfontanellaire (ETF) et l’imagerie par résonance magnétique (IRM).
Pour accompagner le développement de votre bébé prématuré, vous pouvez appliquer les pratiques des soins de développement. En cas de doute, demandez conseil à l’équipe médicale qui vous entoure, les soignants sauront vous épauler et répondre à vos questions.
Les capacités pulmonaires
L’immaturité pulmonaire de votre petit·e costaud se traduit par l’impossibilité de synthétiser une substance appelée « surfactant » qui tapisse habituellement la surface des alvéoles pulmonaires. De ce fait, votre bébé prématuré peut présenter des difficultés respiratoires qui vont nécessiter une assistance ventilatoire. En plus de cette aide, un surfactant médicamenteux peut être administré pour soutenir les poumons de votre enfant.
La faculté de fabriquer cette substance apparaît en moyenne après la 32e semaine, néanmoins il existe une grande variabilité d’un bébé à l’autre. Les progrès de votre petit·e costaud se mesureront de jour en jour. En parallèle, certains hôpitaux proposent des interventions de kinésithérapie respiratoire pour les aider à travailler sur leur capacité pulmonaire.
L’appareil digestif
Le choix du lait pour votre petit·e costaud dépend d’un grand nombre de facteurs : son âge gestationnel, son âge postnatal, votre souhait d’allaiter ou la présence d’une éventuelle pathologie. Celui-ci provient donc de différentes origines, il peut s’agir de lait maternel, de lait de lactarium, de lait spécifique pour les enfants prématurés ou, plus rarement, de lait de régime (sans protéine de lait de vache, sans lactose, etc.).
En raison de l’immaturité de la coordination de la succion, de la déglutition et de la respiration, votre bébé prématuré sera nourri par l’intermédiaire d’une sonde avant le terme de 34 à 36 semaines.
Le rythme cardio-respiratoire
Lorsqu’ils ont un âge gestationnel inférieur à 36 semaines, les nouveau-nés prématurés réalisent fréquemment des pauses respiratoires dues à l’immaturité de leur commande neuro-respiratoire. Ces apnées entraînent une diminution de la quantité d’oxygène transmise par les globules rouges, ce qui se manifeste sur les appareils de surveillance par une désaturation. Dans ce cas, les équipes soignantes peuvent administrer un traitement (un dérivé de caféine ou du doxapram) afin de stimuler les centres neuro-respiratoires ou installer une ventilation assistée par voie nasale (ventilation non invasive ou VNI).
Chez les enfants, le système respiratoire commande le rythme cardiaque. De ce fait, lorsque celui-ci réalise une pause, le système cardiaque suit le mouvement. Ainsi, un phénomène de variation de la fréquence cardiaque, tel qu’un ralentissement (bradycardie), peut s’observer chez les petit·e·s costauds lors des pauses respiratoires ou en cas de douleurs, lors d’un reflux par exemple. Le système du rythme cardiaque va être un reflet des problèmes qui peuvent être présents dans le corps. Dans tous les cas, vous êtes entourés d’une équipe médicale attentive qui reste constamment au chevet de votre bébé pour le soutenir et l’accompagner.
Les facultés hépatiques
En raison de l’immaturité d’une fonction du foie, nos bébés prématurés parviennent difficilement à métaboliser et à éliminer la bilirubine. Cette molécule provient de la dégradation naturelle des globules rouges. De ce fait, sa présence peut se trouver en excès dans le sang et entraîner un ictère, c’est-à-dire une coloration jaune de la peau.
En attendant la maturation spontanée des fonctions hépatiques, l’équipe médicale applique un traitement de photothérapie (lumière bleue) pour éliminer l’excès de bilirubine. D’autres traitements peuvent intervenir en complément si les soignants le jugent nécessaire. Les protocoles varient en fonction des hôpitaux, des services et des besoins de vos petit·e·s costauds.
Les fonctions rénales
Les reins de nos mini super-héros et super-héroïnes présentent une immaturité qui nécessite un contrôle régulier du volume et du contenu des urines. De cette manière, les soignants vérifient les apports en sels minéraux, ainsi que les volumes d’alimentation et de perfusion dont il ou elle a besoin.
Pour vérifier le fonctionnement des reins, l’équipe médicale peut procéder à une échographie. Les fonctions rénales se développent progressivement après une naissance prématurée.
Les sens de votre bébé
Tous les sens de votre petit·e costaud apparaissent fonctionnels dès 24 semaines d’aménorrhée. Dès ses premiers instants de vie, votre bébé est largement capable d’interaction.
Le toucher
Le toucher correspond au premier sens qui se développe durant la grossesse. Votre mini super-héros ou super-héroïne se montre ainsi très sensible aux câlins, ce qui explique l’importance du peau à peau. Du fait de la finesse de la peau et de sa sensibilité, les caresses peuvent parfois gêner nos petit·e·s costauds. Pour imaginer leurs ressentis, vous pouvez visualiser votre peau lorsqu’elle vient de recevoir un coup de soleil : les gestes sur ces parties deviennent rapidement inconfortables. Néanmoins, cette précaution n’empêche pas de poser les mains sur votre bébé, qui appréciera particulièrement ce contact, ou de l’envelopper. Tous les gestes positifs que vous apportez présentent un aspect bénéfique pour le bon développement de votre petit·e costaud.
Pour accompagner la découverte progressive de ses sensations corporelles, il est préférable d’habiller votre bébé avec un pyjama sans pieds afin qu’il ou elle puisse les poser sur différentes surfaces et expérimenter.
D’autre part, le recours aux pieuvres tricotées permet de stimuler un sens archaïque appelé le grasping. Ainsi, le bébé va attraper et tirer sur les tentacules de la pieuvre, de la même façon qu’il saisissait le cordon ombilical in utero. Ce geste va être répété suffisamment longtemps et souvent pour permettre à ce réflexe de disparaître progressivement. Si ce n’est pas le cas, ce mouvement peut rester figé dans le développement. De plus, cette stimulation permet aussi d’éviter de reproduire cet agrippement sur les fils médicaux (même si ça reste tentant pour votre bébé).
L’odorat
L’odorat permet à votre petit·e costaud de vous associer à une odeur lors de vos étreintes ou si vous avez porté son doudou contre vous. Ce sens présente un aspect apaisant et sécurisant puissant. Pour favoriser une continuité sensorielle, vous pouvez d’ailleurs laisser des affaires imprégnées de votre odeur, comme le bandeau utilisé lors du peau à peau, pour rappeler votre présence à votre bébé en toutes circonstances. Pour les nouveau-nés prématurés, l’odeur de vanille présente également un côté rassurant.
« Lorsque notre petit costaud était hospitalisé, les équipes soignantes nous recommandaient de dormir avec les langes de notre fils, pour qu’ils s’imprègnent de notre odeur. Nous pouvions ensuite les placer dans la couveuse, pour recouvrir le matelas ou envelopper notre bébé. »
L’ouïe
Votre bébé reconnaît votre voix (maman et co-parent), même si l’incubateur vous sépare, vous pouvez lui parler ou même chanter si vous le souhaitez. Pour qu’il ou elle garde votre présence à ses côtés, vous pouvez enregistrer votre voix et confier l’enregistrement aux soignants pour les moments où vous ne pourrez pas être à son chevet.
Au niveau de l’environnement, le service de réanimation présente des stimulations auditives parfois inconfortables pour les petit·e·s costauds. À ce sujet, le programme NIDCAP préconise de limiter les bruits afin de promouvoir une atmosphère apaisante et adaptée aux capacités des bébés prématurés. Les équipes médicales mettent progressivement en place des actions pour correspondre au mieux à ces besoins. Cette sensibilisation se retrouve d’ailleurs dans la charte du nouveau-né hospitalisé.
Le goût
Le goût se développe in utero, de ce fait nos petits prémas expérimentent ce sens en tétant furtivement leurs doigts ou en léchant votre peau par exemple. Pour travailler sur la future oralité de votre petit·e costaud, les soignants réalisent une stimulation péri-orale à chaque soin dès 24 SA, si l’enfant se montre disponible bien sûr. Cet exercice consiste à imbiber un bâtonnet dans du lait prévu pour le repas, puis à le déplacer du lobe de l’oreille vers les coins des lèvres dans un mouvement lent et appuyé. Cette opération se répète plusieurs fois des deux côtés du visage. Le but de cette stimulation est que le bébé tourne la tête pour attraper le bâtonnet. Si le ou la petit·e costaud entrouvre la bouche, le bâtonnet est glissé à l’intérieur afin qu’il ou elle puisse le téter et ainsi avoir le goût du lait.
Ce travail permet d’entretenir le réflexe de se tourner vers la nourriture que les bébés développent in utero. Dans les cas de grande prématurité, les bébés ne peuvent pas se nourrir seuls à la naissance, d’où l’importance de stimuler ce réflexe pour anticiper un possible trouble de l’oralité.
En fonction de l’âge de naissance, la coordination succion-déglutition ne se synchronise pas correctement. Celle-ci se montre généralement performante à partir de 35 SA. De ce fait, les bébés prématurés se nourrissent d’abord par l’intermédiaire d’une sonde avant de pouvoir être allaités ou nourris au biberon. Ce délai n’empêche pas les équipes médicales de proposer quelques gouttes de sucrose aux petit·e·s costauds, puis de lait, pour les préparer progressivement et de les entraîner avec une tétine. De cette manière, les soignants observent l’évolution de la qualité de la succion, de la déglutition et de la respiration. Les quantités de nourriture données augmentent au fur et à mesure et s’adaptent aux capacités des bébés prématurés, jusqu’à ce qu’ils deviennent autonomes.
La vue
La vue est l’un des derniers sens à se développer. Votre petit·e costaud discerne d’abord des images floues et seulement de près. Quand vous portez votre petit·e costaud dans vos bras, il ou elle se trouve à la bonne distance pour vous voir au mieux de ses capacités. Ses facultés à vous suivre du regard se développeront généralement au bout du deuxième mois de vie.
Pour protéger les yeux des bébés prématurés, le service de néonatologie met en place un protocole précis concernant le cache-couveuse, cette protection modulable qui recouvre l’incubateur. L’objectif de cette manoeuvre consiste à favoriser un cycle jour/nuit, à s’adapter aux aptitudes des nouveau-nés prématurés et de limiter le stress lié à une surstimulation visuelle.
Ainsi, lorsque le terme est inférieur à 32 SA, tous les pans du cache-couveuse restent fermés. À partir de 32 SA, les deux pans opposés au visage du ou de la petit·e costaud sont relevés pendant la journée. Une semaine plus tard, les quatre pans latéraux sont levés durant le jour. À partir de 34 SA, les pans de l’incubateur restent ouverts en permanence. Ce protocole progressif varie en fonction de chaque enfant et s’adapte également aux soins réalisés.
Photographies de cache-couveuse dans le service de néonatologie.
Un grand merci à Solène Carval pour ces images !
Le développement psychomoteur
À la naissance, le bébé vit un changement d’environnement radical en passant d’un milieu aquatique à une atmosphère constituée principalement d’air. Dans le cas de la prématurité, les petit·e·s costauds ne sont pas encore prêt·e·s à rencontrer ce cadre stimulant, voire irritant au niveau sensoriel. De plus, les soins quotidiens créent des sensations corporelles parfois inconfortables et, bien qu’ils soient nécessaires, ne favorisent pas toujours la détente.
La psychomotricité intervient pour proposer des « expériences corporelles et sensori-motrices positives » comme l’exprime Sandra, psychomotricienne en réanimation néonatale. Elle ajoute : « Cela est essentiel pour que le bébé ait la possibilité de développer toutes ses compétences dans un équilibre émotionnel. »
Pour accompagner ce développement psychomoteur, Sandra préconise des « contacts corporels contenants et rassurants, des mobilisations douces qui vont enrichir les sensations, la connaissance du corps et soutenir des schémas posturaux adaptés, des bercements, du portage… ». De cette manière, les petit·e·s costauds renouent avec une sensation de plaisir qui soutient le développement sensoriel et moteur.
Dans cette idée, les cibles proposées en néonatologie présentent une approche intéressante pour faire émerger une motricité volontaire et dirigée. Ces images, issues des travaux d’André Bullinger, proposent des figures ou des motifs géométriques en noir et blanc. En effet, les petits costauds distinguent mieux le contraste monochrome que les couleurs. En fonction de l’éveil des bébés, elles sont installées à côté du hublot des incubateurs pour permettre une stimulation visuelle et apporter un point d’ancrage. Par ailleurs, l’apaisement procuré par l’ancrage du regard sur les cibles correspond à la même sensation que lorsque votre bébé s’accroche à votre regard. Ces outils visuels peuvent également être utilisés au cours de soins douloureux.
Vous pouvez profiter du moment du bain ou lorsque vous tenez votre petit·e costaud dans les bras pour le ou la bercer latéralement. Ainsi, vous reproduisez une sensation proche de celle in utero lors des déplacements de la maman dans sa vie quotidienne. De plus, le bercement permet une stimulation du système vestibulaire qui influence le sens de l’équilibre.
D’autre part, un bébé prématuré a du mal à lutter contre la gravité puisqu’il devrait se trouver en apesanteur dans le ventre de sa maman. Ainsi, il ou elle va être installé dans un cocon en position fléchie, de manière à ce que le regroupement musculaire demande moins d’énergie et se rapproche de la position fœtale. Cette installation soutient sa tête, ses épaules en les enrobant, son bassin et ses jambes afin qu’il ne se trouve pas à plat, écrasé par la gravité.
Soutenir la croissance de votre bébé prématuré grâce aux soins de développement
Les mêmes organes et muscles servent à manger et communiquer, c’est ce que l’on nomme « l’oralité ». Ainsi, cette notion désigne le langage, les fonctions d’alimentation, mais aussi la respiration, les explorations sensorielles et les premiers liens d’attachement. Les sens de nos petit·e·s costauds se montrent particulièrement sensibles à leur environnement, ce qui implique des mesures spécifiques pour ne pas les irriter.
L’intégration de ces informations dans les soins représente un aspect essentiel au bon développement de nos bébés prématurés. L’idée repose sur la création d’un espace qui atténue les stimuli extérieurs et propose des sollicitations adaptées aux capacités actuelles de nos nourrissons. Les soins de développement s’attachent à favoriser des approches individualisées, observer les comportements de nos enfants, limiter les sensations douloureuses, proposer des stimulations douces et soutenir la présence des parents.
Tout cet écosystème participe à la croissance de nos petit·e·s costauds et à leur bien-être. Les soins de développement créent une relation parent-soignant singulière puisque les compétences de chacun s’accordent pour décrypter ensemble le langage du nouveau-né.
Chaque bébé présente des besoins qui sont aussi uniques que lui. Votre petit·e costaud s’exprime déjà et l’observation de ses réactions vous permet de créer avec l’équipe médicale un environnement compatible avec son développement. Petit à petit, après avoir appréhendé les machines qui vous entourent, vous apprendrez à connaître son rythme, ce qu’il apprécie ou non et ce qui lui apporte du confort. Dans cette idée, Vanessa Alix, spécialisée dans la douleur du bébé prématuré, nous livre des conseils pour accompagner au mieux nos petit·e·s costauds au quotidien.
Sources :
- SOS Préma, Le nouveau-né prématuré ;
- Association Sparadrap, Mon enfant est né trop tôt ;
- Association PPSO (Plateforme de Prévention et Soins en Orthophonie), Les cinq sens au service de l’alimentation du bébé prématuré ;
- Sandra Lescure, Soutenir le développement du nouveau-né prématuré : l’exemple du programme Nidcap, une nouvelle philosophie de soins centrée sur l’enfant et sa famille, Empan 2018/3 (n° 111), pages 55 à 61 ;
- CHU Sainte-Justine, Centre hospitalier universitaire mère-enfant, Prématurés.
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