L’apprentissage du partage est une compétence sociale que nous souhaitons tous voir se développer chez nos enfants. Pourtant, prêter un jouet, que ce soit avec leur fratrie, à la crèche ou dans la salle de classe ressemble parfois à un vrai calvaire pour nos tout-petits ! Face à la frustration et à la tristesse ressenties à l’idée de se séparer d’un objet, nous pouvons nous sentir nous aussi dépassés, ne sachant comment réagir. Dès lors, comment leur apprendre à partager tout en restant positifs et bienveillants ? Dans cet article, nous vous proposons des pistes pour guider nos enfants sur ce chemin.
Nous ne sommes ni médecins ni psychologues. Nos contenus ne doivent en aucun cas être considérés comme des avis médicaux. Toute question médicale doit être posée à un médecin.
Sommaire
Le partage : un apprentissage basé sur la patience
Avant de souffler ses deux bougies, un enfant n’a pas la notion d’appartenance. Si un objet se trouve entre ses mains et qu’il joue avec, alors il est « à lui ». À cet âge, votre petit·e ne connaît pas (encore) le concept du partage, pas plus que celui du jeu en commun. C’est simple, tout ce qui est à sa portée lui appartient. Cette phase du développement est caractérisée par un stade égocentrique. De 18 à 24 mois, les enfants ne jouent d’ailleurs pas ensemble, mais côte à côte.
Pour les tout-petits, le besoin d’imitation est incontournable pour comprendre le monde environnant. Lorsqu’un enfant joue avec un camion bleu, son·a voisin·e désire le même jouet, alors même qu’il paraissait sans intérêt quand il était encore au sol… Pour contrer ce problème dans une fratrie, il vous faudra maîtriser l’art de la diversion, pour que l’attention de votre enfant se porte sur un autre objet.
Une fois le cap des 2 ans passé, la notion de troc, c’est-à-dire du prêt d’un objet en échange d’un autre, peut s’envisager. Au cours de l’année suivante, vers 3 ans, votre enfant développera son langage, mais aussi ses capacités communicationnelles et sociales. Dès lors, la formulation des demandes sera plus simple et le fonctionnement du tour de rôle plus compréhensible.
Vers 4 ans, votre enfant sera davantage capable d’exprimer ses émotions et ses désirs. À partir de cet âge-là, la notion de partage devient de plus en plus claire. Grâce aux expériences passées, votre enfant pourra mieux se mettre à la place de ses camarades lorsqu’il fêtera ses 5 ans. Avec l’aide d’un adulte, il·elle pourra comprendre que si un objet est précieux à ses yeux, il peut en être de même pour un autre enfant.
Si vous constatez que l’apprentissage du partage reste compliqué, vous pouvez consulter un spécialiste du développement de l’enfant qui saura vous orienter sur l’acquisition de cette habileté sociale.
Les livres pour apprendre à partager
Les livres servent de médiateurs pour éveiller nos enfants vers des valeurs telles que la solidarité ou l’entraide et expliquer des concepts complexes comme la propreté. Ces histoires captivantes offrent des leçons précieuses sur le partage, l’altruisme et l’importance de vivre ensemble de manière positive et bienveillante.
Nous vous proposons une sélection non exhaustive de la littérature jeunesse sur le thème du partage :
- Deux pour moi, un pour toi de Jörg Mühle, éditions École des loisirs, raconte l’histoire d’un ours qui, après avoir cueilli 3 champignons, apporte sa récolte à son amie belette pour les cuisiner. Le partage parait simple : 1 pour toi, 1 pour moi… Mais que faire du champignon restant ? ;
- Les trois grains de riz de Virginie Sanchez et Agnès Bertron-Martin, éditions Père Castor, nous plonge dans le récit d’une petite fille qui donne une poignée de riz à un canard, un panda et un singe sur le retour du marché. Apparaît alors un féroce dragon qui exige tout le butin… ;
- C’est mon arbre, Olivier Tallec, éditions École des loisirs, retrace l’aventure d’un bel écureuil roux qui souhaite protéger son arbre des autres ;
- P’tit Loup ne veut pas partager, de Orianne Lallemand, Eléonore Thuillier, éditions Auzou, nous invite dans la maison de P’tit Loup au moment où sa cousine Louna le rejoint pour jouer. Sauf que P’tit Loup n’est pas vraiment prêt à lui laisser ses affaires ;
- C’est à moi, ça !, de Michel Van Zeveren, éditions École des loisirs, relate la rencontre d’une grenouille qui trouve un œuf dans la jungle. Seulement, le serpent, l’aigle et le varan prétendent tous que l’œuf leur appartient ;
- Le partage, de Elizabeth Verdick et Marieka Heinlein, L’Atelier des parents, collection Grandir dans la bienveillance, donne des pistes pour apprendre aux tout-petits le sens du partage.
Pour aborder le partage au sein d’une fratrie, vous pouvez également explorer deux autres propositions qui se sont concentrées sur le sujet :
- Un amour de petite sœur, de Astrid Desbordes et Pauline Marin, éditions Albin Michel ;
- June et sa fratrie, le livre des besoins et des émotions pour toute la famille, de Élodie Crépel et Cévany, éditions Ailes et Graines.
Encourager l’apprentissage du partage à tous les âges
Les enfants apprennent avant tout par imitation. En tant que parents, nous avons une occasion en or de leur montrer l’exemple en partageant avec eux et avec les autres dans notre quotidien. Lorsque vous partagez des jouets, de la nourriture ou du temps avec votre enfant, il observe votre comportement et se montre ainsi plus enclin à reproduire ces actes d’altruisme.
Pour comprendre les bienfaits du partage, vous pouvez communiquer avec votre enfant en expliquant comment cela peut rendre les autres heureux et renforcer les liens d’amitié. Quand votre enfant prête et quand on lui prête, vous pouvez décrire la situation : « ton·ta camarade sourit, il·elle a l’air content·e de jouer à son tour à la balle ».
En interrogeant les ressentis de l’autre personne et de votre enfant, dans les livres comme dans la vie courante, il·elle apprend progressivement à apprivoiser ce nouveau concept, à se montrer plus réceptif à ses émotions et à développer de l’empathie.
L’espace joue également un rôle dans l’apprentissage du partage. Si vous le pouvez, il peut être intéressant de proposer un espace de jeu suffisamment grand pour que chacun puisse cohabiter avec ses jouets. Avant une situation où votre enfant risque d’être confronté au partage de jeux, vous pouvez le préparer en parlant avec lui de ce qu’il va vivre (peut-être avec un livre pioché dans notre liste).
Dans un premier temps, quand d’autres enfants viennent dans l’espace personnel de votre petit·e, vous pouvez lui demander quels jouets il·elle ne souhaite pas prêter et les mettre dans une autre pièce. Par ailleurs, il est essentiel de ne pas forcer l’enfant pour que le partage ne devienne pas un synonyme de contrainte, mais reste une capacité sociale associée au plaisir.
Vous pouvez créer des occasions régulières de partager, par exemple lors de jeux en groupe où chacun doit participer et coopérer pour réussir. Un terrain neutre comme un parc peut permettre de développer plus sereinement les capacités de partage.
D’autre part, les moments en famille comme lors de la préparation du repas, la construction d’un puzzle ou au cours d’une partie d’un jeu de société, seront aussi propices à l’apprentissage. Un environnement qui favorise le partage permettra de renforcer cette compétence sociale.
La reconnaissance, les encouragements des efforts et des comportements positifs permettront de motiver votre enfant à partager. Lorsqu’il fait preuve de générosité, montrez-lui votre appréciation en le félicitant chaleureusement. Ces compliments renforceront l’estime de soi de votre enfant et l’inciteront à persévérer dans son comportement altruiste.
Apprendre à partager demande du temps, de la douceur et de la bienveillance. Pendant cette période, il est important de ne pas attendre des résultats immédiats, mais de se concentrer sur le processus. Chaque enfant évolue à son rythme et selon ses propres limites. Avec la pratique et l’expérience, il·elle apprendra à mieux partager et à apprécier les avantages de cet acte généreux. En pratiquant nous-mêmes le partage, en favorisant la communication, en créant un environnement propice, en récompensant les efforts et en faisant preuve de patience, nous pouvons accompagner nos enfants vers l’acquisition de cet apprentissage qui leur sera ensuite fort utile pour la socialisation à l’école maternelle ! Pour aller plus loin sur ce sujet, vous trouverez dans nos articles sur l’éducation positive et l’enseignement avec bienveillance des réflexions sur les pratiques parentales et éducatives.
Nous serions heureux de recevoir votre témoignage à propos de l’apprentissage du partage. Si vous le souhaitez, vous pouvez nous envoyer vos conseils et vos anecdotes sur notre page contact, en message privé sur nos réseaux sociaux (Facebook et Instagram) ou dans les commentaires de cet article.
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