En France, 10 % des femmes enceintes doivent rester alitées d’après la Maison des Maternelles. Cette décision survient lorsqu’un facteur laisse présager un risque de naissance prématurée. Dès lors, chaque jour, chaque semaine gagnée est précieuse pour le développement de votre enfant. Malgré toute la légitimité de cette prescription pour la santé du bébé et de la maman, cette annonce est souvent un véritable raz-de-marée. En plus des préoccupations qui nous agitent en tant que parents, il faut aussi penser à la logistique de ce nouveau quotidien au repos forcé. Comment s’organiser lors d’une grossesse à risque ? Dans cet article, nous vous proposons des pistes pour appréhender ce rythme ralenti grâce aux témoignages de Marion, maman de deux petits costauds nés avant terme et Laure, maman de deux petits costauds nés à 29 SA et 36 SA.
Nous ne sommes ni médecins ni psychologues. Nos contenus ne doivent en aucun cas être considérés comme des avis médicaux. Toute question médicale doit être posée à un médecin.
Sommaire
- 1 Gérer la frustration d’être alitée ou à mobilité réduite
- 2 Adapter votre environnement aux nouvelles contraintes
- 3 S’appuyer, si possible, sur l’entourage pour vous organiser lors d’une grossesse à risque
- 4 Anticiper la prise en charge des aîné·e·s pendant une grossesse à mobilité réduite
- 5 Demander les aides financières disponibles pour vous soutenir
Gérer la frustration d’être alitée ou à mobilité réduite
L’alitement ou le repos forcé ont pour objectif d’essayer de stabiliser des facteurs à risque lors d’une grossesse afin de retarder l’hospitalisation. L’annonce de cette décision se vit comme un chamboulement sans précédent. Tout d’un coup, tout notre quotidien doit être réorganisé. D’une vie active et dynamique, nous devons changer de rythme, arrêter le travail si cela n’était pas encore fait et limiter nos mouvements. Si le canapé ou le lit sont d’ordinaire synonymes de repos, ce tête-à-tête forcé ne présage pas toujours un état apaisé.
Souvent, nous ne réalisons pas la situation, comme l’explique Marion :
« J’ai tardé à comprendre que ce que je ressentais était des contractions. J’ai mis du temps à en parler à la gynécologue, je lui disais que j’avais de temps en temps mal au ventre, mais j’avais minimisé mon état, parce que je voulais continuer le travail. À un moment, elle a mis un frein en disant qu’il fallait s’arrêter sinon ma puce allait arriver beaucoup trop tôt… »
Cette annonce peut aussi modifier vos projets, que ce soit au niveau professionnel ou personnel. Même si la cause justifie amplement cette adaptation, il n’en demeure pas moins que vous pouvez ressentir de la frustration. En plus de ce sentiment, l’anxiété et la peur deviennent souvent les compagnons de l’alitement.
Nous attendons avec impatience et angoisse chaque rendez-vous à la maternité, chaque échographie. Nous comptons les semaines, les jours, parfois les heures. Le temps prend une dimension nouvelle et semble s’étirer à l’infini. Marion évoque cette appréhension avec laquelle il faut désormais cohabiter :
« T’attends, t’attends… Mais tu attends surtout de sentir ton enfant bouger ! Et quand il ne l’a pas fait depuis longtemps, tu t’inquiètes. »
Malgré ces conditions anxiogènes et incertaines, il est important de relativiser et de vous rappeler que vos efforts sont pour votre bien et celui de votre bébé. Cette période paraît longue, mais il ne s’agit que d’un court moment de vie à passer. Prenez cette étape si particulière comme une incitation à vous reposer, vous détendre et vous connecter à votre petit·e costaud.
Adapter votre environnement aux nouvelles contraintes
Pour vous
L’alitement s’accompagne d’une restriction plus ou moins importante de vos activités. Dans tous les cas, vous ne pourrez pas maintenir la même cadence qu’auparavant. Pendant cette période de repos imposé, il paraît essentiel de prendre soin de votre mental et de votre physique pour garder votre moral au beau fixe :
- varier les positions pendant la journée (dans la mesure du possible, bien sûr) ;
- enfiler des bas ou des chaussettes de contention ;
- maintenir un bon niveau d’hydratation ;
- se faire masser par votre partenaire ou par un·e professionnel·le qui vous rendra visite à domicile ;
- appliquer des soins du visage ou du corps ;
- vous lancer dans une activité manuelle et créative ;
- créer un album photo ;
- mettre à jour votre liste de naissance en s’inspirant de celles de Laure et Gaël pour les repas et les phases d’éveil, le change et le bain, les balades et la nuit ;
- lire des livres ou des bandes dessinées ;
- découvrir un magazine sur un sujet qui vous passionne ;
- regarder des films ou des séries ;
- pratiquer la méditation, l’hypnose ou la sophrologie ;
- enfiler des vêtements confortables.
Si vous restez seule pendant la journée, essayez de prévoir tout ce dont vous pourrez avoir besoin à proximité : bouteille d’eau, collation, téléphone, chargeur, papier, stylo, matériel pour vos activités, petit pull ou plaid s’il fait froid, oreiller supplémentaire, médicaments en cas de besoin, etc.
Puisque vous allez y passer de longues heures, autant que votre lieu de vie soit aussi confortable et chaleureux que possible. Si vous le pouvez, demandez à votre partenaire, à un·e ami·e ou à un membre de votre famille de vous aider à la décorer et à garder cette pièce saine et propre pour qu’elle reste agréable. Le simple fait de changer les draps peut par exemple apporter une sensation de fraîcheur dans votre chambre.
Pour vos aîné·e·s
Si l’alitement bouleverse le quotidien pour un premier enfant, il apporte d’autres complications lors d’une nouvelle grossesse. Comment s’occuper des aîné·e·s alors que vous êtes limitée dans vos mouvements ? Tout comme vous avez aménagé votre espace pour répondre à vos besoins, il faudra sûrement réitérer l’opération pour vos plus grand·e·s.
Selon l’âge et l’indépendance de vos enfants, cette manœuvre peut être plus ou moins complexe. Pour vous accompagner dans cette transition, il peut être important de vous rapprocher de votre partenaire et de vos proches pour qu’ils vous aident à adapter votre environnement.
Marion partage les techniques qu’elle a mises en place, au fur et à mesure, pour intégrer la mobilité réduite dans son quotidien avec sa fille :
« Quand j’étais enceinte de mon fils, ma fille avait 5 ans, elle était en grande section de maternelle. Un âge où on s’interroge, où on comprend que quelque chose n’est pas comme d’habitude : maman qui bouge tout le temps, qui m’amène au parc, d’un coup ne fait plus rien. Papa travaille la journée, donc il n’est pas là.
Je lui ai fait comprendre qu’elle allait devoir gagner en autonomie, que maman était là, mais qu’elle allait devoir apprendre à faire des choses toute seule. Elle n’a pas compris tout de suite, elle m’a répondu “mais pourquoi maman, t’es à la maison ?”. Ce n’est pas simple à expliquer, parce que même moi j’avais du mal à mettre des mots dessus. Il faut passer le choc de devoir passer 4 à 5 mois sur son canapé.
J’ai fait en sorte que tout soit à sa portée, comme les chaussures ou la nourriture. J’ai changé l’organisation du placard de vêtements pour qu’elle puisse attraper ses affaires, même si j’essayais d’être là le plus possible pour elle. Je restais dans la pièce, mais je devais rester assise. Je lui expliquais : “tu vas chercher ça là”.
J’ai adapté les placards de la cuisine afin qu’elle puisse aller prendre sa compote et son gâteau sans que maman ait besoin de se lever. J’avais aussi acheté deux petites marches pour qu’elle puisse aller dans la baignoire seule et aux toilettes.
J’ai aussi dû lui apprendre comment utiliser le robinet d’eau chaude. J’essayais de lui faire faire un maximum de choses pour que je puisse me concentrer sur celles qu’elle ne pouvait pas gérer comme les repas. »
D’autre part, l’alitement ne signifie pas que vous ne partagerez plus d’activités avec vos aîné·e·s, simplement qu’elles devront s’adapter à vos possibilités. Si les balades au parc, les lancers de frisbee ou les danses endiablées sont pour l’instant hors de portée, il reste de nombreuses occupations calmes qui vous permettront de garder un lien, de rire et d’être présente pour vos plus grand·e·s.
Pour rendre ces activités plus accessibles, vous pourrez dégager une étagère à proximité de votre lit ou de votre divan pour les remplir avec :
- des jeux de société et de cartes ;
- des cahiers de coloriage, d’autocollants et d’images ;
- du matériel de création (papiers, crayons, colle, perles, etc.) ;
- des livres, contes et bande dessinée.
« Notre petit costaud s’est vraiment bien adapté à cette nouvelle routine. Au lieu de jouer dans le jardin en rentrant de l’école, nous lisions des histoires ensemble, jouions à des jeux de société, dans ce nouvel environnement de vie : le lit ou le canapé. »
Laure
Par ailleurs, dans notre article pour expliquer le risque d’accouchement prématuré aux aîné·e·s, nous abordons des pistes pour évoquer ce sujet sensible avec eux.
S’appuyer, si possible, sur l’entourage pour vous organiser lors d’une grossesse à risque
Votre entourage peut être d’un grand secours pour vous épauler pendant votre période de mobilité réduite. Nous craignons parfois de demander de l’aide, mais vous serez probablement surprise du soutien que vos proches vous témoigneront. Souvent, l’entourage ne sait pas comment vous rendre service pendant un alitement. La peur de déranger et l’envie de vous laisser vous reposer freinent quelques fois les initiatives.
Si votre famille, vos ami·e·s, vos collègues, vos voisin·e·s souhaitent s’impliquer, vous pouvez leur communiquer vos besoins qu’ils seront sûrement ravis de combler : faire un brin de ménage, vous amener un magazine, partager un repas ensemble, réaliser des courses pour vous dépanner, cuisiner quelques plats que vous pourrez congeler, garder vos aîné·e·s ou aller les chercher à l’école, etc.
Cela semble peu, pourtant ces quelques gestes apportent un réel soulagement comme l’évoque Laure :
« Nos proches venaient régulièrement nous rendre visite : ceux qui habitaient à côté de chez nous ramenaient tous les repas, pour nous soulager. Ceux qui étaient plus loin venaient passer quelques jours chez nous, pour nous aider dans les tâches quotidiennes et s’occuper de notre fils. »
Cependant, il n’est pas toujours possible de s’appuyer sur la famille ou les ami·e·s pendant une période de mobilité réduite en raison de la distance qui vous sépare ou des disponibilités. Si les visites ne sont pas envisageables, il reste l’option des visioconférences ou des appels pour garder le contact et vous soutenir, même à plusieurs centaines de kilomètres.
Anticiper la prise en charge des aîné·e·s pendant une grossesse à mobilité réduite
Tout comme ils peuvent vous alléger dans votre organisation quotidienne, vos proches peuvent également s’impliquer dans la garde des aîné·e·s ou les trajets à l’école. Si votre famille ou vos ami·e·s ne sont pas disponibles, il vous reste la possibilité de demander à vos voisin·e·s et aux parents d’élèves s’ils peuvent vous apporter de l’aide comme l’a fait Marion :
« Ma famille était trop loin, mes parents travaillaient, c’était difficile d’embêter les gens. J’ai géré au fur et à mesure, pour faire face aux situations lorsqu’elles se présentaient parce qu’on ne peut pas penser à tout au démarrage. Pour moi, le plus urgent c’était l’école.
Dans la classe de ma fille, elle avait un super copain, et la maman est venue le matin la récupérer quand mon conjoint ne pouvait pas l’amener à l’école. Heureusement, parce que je ne pouvais pas faire le trajet ! »
Par ailleurs, il est essentiel d’envisager l’organisation à la maison en cas d’hospitalisation, même si la perspective n’est pas réjouissante. Cette anticipation vous permettra de savoir que vos aîné·e·s se trouvent entre de bonnes mains si jamais vous devez vous absenter du domicile.
Marion a été avertie en avance de son accouchement imminent, ce qui lui a permis de se préparer :
« Un matin, lors d’une consultation, ma gynécologue m’a prévenu que l’accouchement n’était plus qu’une question de jours. Mon père travaillait, mais ma mère est venue, elle a fait les courses, le ménage, elle a chouchouté sa fille. Heureusement qu’elle était là et que j’ai été prévenue quelques jours avant pour que je puisse m’organiser pour mon aînée. »
Demander les aides financières disponibles pour vous soutenir
Certains organismes proposent une aide de quelques heures par semaine pour le ménage, la cuisine ou la garde d’enfants. Les démarches sont parfois longues et fastidieuses, mais cela en vaut la peine pour que vous puissiez vous reposer pleinement pendant votre alitement.
Le premier organisme à contacter pour connaître vos droits est la Caisse d’allocations familiales (Caf). Après avoir renseigné votre code postal, vous trouverez les coordonnées de l’établissement dont vous dépendez. Après avoir établi votre dossier et défini votre quotient familial, vous serez mise en relation avec une association d’aide à la personne agréée. Néanmoins, il est important de noter que l’aide que vous allez percevoir dépend de votre département et de vos ressources.
Nous vous conseillons de rentrer en contact avec les associations de services à la personne par l’intermédiaire de la Caf afin d’être certaine de recevoir les aides auxquelles vous avez droit. Cependant, si vous souhaitez vous renseigner personnellement, vous pouvez consulter l’Agence nationale des services à la personne.
Si les aides de la Caf sont insuffisantes ou que vous n’êtes pas éligible, vous pouvez contacter votre mutuelle, votre assurance habitation et votre banque. Certains contrats financent une aide à la personne pendant une grossesse alitée, peut-être est-ce votre cas.
De plus, certaines villes ou régions accordent des soutiens particuliers que vous pourrez retrouver sur les sites internet de ces organismes publics ou en les joignant par téléphone. En plus de votre mairie et du Conseil Général, vous pouvez également vous rapprocher de la Protection maternelle et infantile (PMI) de votre département.
Enfin, si les démarches précédentes se révèlent infructueuses, il vous reste la solution d’employer une aide ménagère ou une baby-sitter avec le chèque emploi-service universel. Le Cesu sert à régler des prestations de services à la personne simplement et ouvre droit à une réduction fiscale ou à un crédit d’impôt à hauteur de 50 % des sommes versées.
Rester alitée demande une planification rigoureuse, d’autant plus avec des enfants à la maison. S’organiser lors d’une grossesse à risque requiert de la patience, de la prévoyance et surtout de l’aide pour vous soulager, que ce soit auprès de votre entourage familial et amical ou auprès des services d’aides à domicile. L’alitement peut aussi être un bon moment pour plonger dans la partie administrative de la grossesse. Dans cet article, Laure nous rappelle toutes les démarches à réaliser avant la naissance d’un bébé.
Comment vous êtes-vous organisée pendant votre grossesse alitée ? N’hésitez pas à partager votre expérience sur notre page contact, en message privé sur nos réseaux sociaux (Facebook et Instagram) ou dans les commentaires de cet article.
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