La première rencontre avec votre nouveau-né prématuré ne ressemble sûrement pas à ce que vous imaginiez. L’intimité en famille se trouve bousculée par un contexte hospitalier inconnu dans lequel il est bien souvent complexe de prendre ses marques. En plus de cet environnement déroutant, les soins et les examens rendent parfois le développement des liens d’attachement délicat. Alors que nous parvenons difficilement à prendre notre place de parents, nous devons aussi faire face à une épreuve douloureuse : le retour à la maison sans son enfant. Comment envisager cette séparation durant l’hospitalisation de votre petit·e costaud ? Dans cet article, nous abordons des pistes pour gérer la distance lorsque son bébé reste en néonat.
Nous ne sommes ni médecins ni psychologues, nos contenus ne doivent pas être considérés comme des avis médicaux. Pour toute question médicale, consultez un professionnel de santé.
Sommaire
- 1 Accepter la séparation : un déchirement pour les parents
- 2 S’appuyer sur le service de néonatalogie pour gérer la distance lorsque son bébé reste en néonat
- 3 Solliciter de l’aide de professionnels et de votre entourage
- 4 Réduire la distance entre votre hébergement et l’hôpital
- 5 Garder un lien avec votre nouveau-né malgré la séparation
- 6 Essayer de vous reposer et de prendre soin de vous
Accepter la séparation : un déchirement pour les parents
Dans tous les parcours de prématurité, nous retrouvons une même souffrance, celle d’être éloigné de son nouveau-né dès les premiers instants. Demeurer seule en chambre de maternité sans son bébé, contrairement aux autres mamans qui viennent d’accoucher, est une expérience insupportable et indescriptible, même si vous avez été plusieurs à nous partager vos ressentis :
« À 7 h 41, Raphaël est arrivé, mais il aura ensuite fallu 3 h avant que je puisse voir Raphaël, puis une semaine pour que je puisse le serrer contre moi. »
Lucille, maman de Raphaël né à 24+3SA
« Puis on t’emmène… Heureusement dans ce même hôpital tu pourras être prise en charge… Je me sens vide, d’un vide innommable, mais je n’ai pas encore compris ce qu’il se passe… »
Priscilla, maman de Gloria née à 31SA
« Le retour à la maison sans lui a été horrible. »
Élodie, maman d’un petit costaud né à 30SA
« Après ton transfert vers cet hôpital, je me suis toujours dit que le plus difficile était de se retrouver dans cette chambre de maternité sans toi, sans pleurs, sans biberon, le vide. Nous étions deux parents, seuls sans notre enfant avec pour seul réconfort, le numéro du service pour prendre de tes nouvelles. »
Océane, maman de Gaspard né à 28SA
S’appuyer sur le service de néonatalogie pour gérer la distance lorsque son bébé reste en néonat
Les dernières études scientifiques, tout comme les soins de développement, préconisent une présence continue des deux parents aux côtés de leur nouveau-né. C’est d’ailleurs le combat de l’association SOS Préma, avec la diffusion de la Charte du nouveau-né hospitalisé qui prône le « zéro séparation ». Ce rôle capital des parents permettrait même de réduire la durée d’hospitalisation. Les équipes soignantes connaissent l’importance de votre présence et mettent tout en œuvre pour faciliter ce contact et la rencontre de votre bébé.
Dans cette optique, le service de néonatalogie se montre disponible dès que vous en avez besoin, à tout moment du jour et de la nuit. Les soignants restent à votre écoute et répondront à l’ensemble des questions qui vous submergent, que ce soit à propos des examens médicaux ou de l’univers médical.
Laure raconte combien la bienveillance des soignants a été une consolation au quotidien :
« Tous les soirs, en nous couchant, nous appelions la néonat, et nous avions toujours une réponse bienveillante, quelle que soit l’heure avancée. Le matin, en nous réveillant, le premier réflexe était d’appeler le service pour savoir comment s’était passée la nuit. Ce fameux appel qui soulageait notre boule au ventre. Nous avons toujours ressenti beaucoup de compréhension lors de nos appels et les équipes soignantes nous encourageaient à les appeler si nous avions la moindre question, la moindre inquiétude. »
En plus de cette disponibilité pour prendre des nouvelles de votre petit·e costaud, vous pouvez vous rappeler que la surveillance dans le service de néonatalogie demeure continue. Les soignants restent au chevet de votre nouveau-né en toutes circonstances et pourront intervenir immédiatement au besoin. Bien qu’elles soient impressionnantes et hostiles au premier abord, toutes les machines qui entourent votre nourrisson lui donnent des forces jusqu’à qu’il·elle puisse être autonome. L’absence n’a rien de simple, mais nos bébés dorment entre de bonnes mains.
Solliciter de l’aide de professionnels et de votre entourage
Afin de ne pas traverser cette épreuve en solitaire, vous pouvez vous rapprocher d’autres parents présents à vos côtés, des soignants qui vous encadrent, du·de la psychologue du service ou de vos proches. Il ne faut pas hésiter à confier vos craintes à une personne de confiance qui saura vous écouter et vous épauler.
En tant que parents, toute notre attention est focalisée sur nos bébés restés à l’hôpital, si bien que la logistique représente un poids considérable au quotidien. Les déplacements, les repas, les tâches ménagères sont autant d’actions qu’on aimerait laisser au second plan, mais qui demeurent néanmoins nécessaires.
Vos proches constituent un soutien émotionnel incroyable durant cette période, mais aussi un support logistique en ce qui concerne la gestion des trajets, la garde des aînés, les courses ou le ménage. Votre entourage sera sûrement ravi de vous apporter de l’aide et de vous soulager.
Réduire la distance entre votre hébergement et l’hôpital
De plus en plus de services de néonatalogie proposent aux parents de dormir dans la chambre avec leur bébé. Lorsque cela n’est pas possible, certains hôpitaux disposent d’hébergements annexes comme des maisons d’accueil hospitalières et maisons de parents qui permettent de loger au plus près de l’établissement de soins. Les frais d’hébergement sont modulés en fonction des revenus. Vous trouverez un annuaire des logements disponibles sur le site de la Fédération des maisons d’accueil hospitalières, ainsi que sur celui d’Action sociale. N’hésitez pas à vous renseigner auprès de l’établissement dans lequel votre bébé est pris en charge.
En parallèle des structures d’accueil hospitalières, d’autres solutions d’hébergement peuvent vous rapprocher de votre bébé comme des locations temporaires (AirBnb, LeBonCoin, Abritel, Gîtes de France, etc.). Quelques mutuelles prennent en charge une partie ou l’ensemble des frais générés par un service d’hébergement.
Des associations d’aide à la prématurité possèdent parfois des partenariats avec des personnes acceptant d’accueillir des parents chez elles en échange d’une contrepartie financière. Pour connaître les possibilités dans votre région, vous pouvez vous rapprocher des différentes structures que nous avons recensées dans notre annuaire ou auprès de votre service de néonatalogie.
Vos proches peuvent également servir de relais sur la question de l’hébergement, soit en proposant une solution de secours, mais aussi en offrant de vous véhiculer dans les moments où la fatigue se manifeste. Encore une fois, votre entourage constitue un allié sur lequel vous reposer et vous appuyer pour gérer la distance lorsque votre bébé reste en néonat.
Garder un lien avec votre nouveau-né malgré la séparation
Malgré l’éloignement, il existe des moyens de signifier votre présence auprès de votre petit·e costaud. Les cinq sens de nos bébés prématurés nous permettent de rentrer en contact et d’établir un lien de confiance. Ainsi, un bandeau de peau à peau, un lange ou un doudou peuvent servir d’objets transitionnels rassurants en portant votre odeur.
Les petites pieuvres servent par exemple de stimulus visuel, tactile et olfactif pour nos mini super-héros et super-héroïnes. Aurore Saintigny, fondatrice de Calinescence, a également imaginé et conçu un système d’enregistrement multisensoriel pour réconforter les bébés hospitalisés après avoir dû elle-même laisser son nouveau-né à l’hôpital.
Par ailleurs, des dessins des frères ou sœurs, ainsi que des photographies, peuvent être accrochés autour de l’incubateur. Enfin, un enregistrement avec vos voix ou des musiques douces peuvent accompagner votre bébé pendant votre absence, l’apaiser et permettre une continuité du lien parental.
Essayer de vous reposer et de prendre soin de vous
Parfois, vous trouverez des installations dans l’hôpital pour que vous puissiez vous reposer au plus près de votre bébé. Néanmoins, des fauteuils et des lits ne seront pas toujours disponibles dans les structures de soins. Même si la distance n’a rien d’agréable, bien au contraire, elle représente un moyen de vous inciter à vous reposer, si cela n’est pas possible à l’hôpital.
Nous vous en parlions déjà dans notre article sur l’importance de prendre du temps pour vous : il est nécessaire de vous accorder des moments de repos afin de récupérer en énergie et de tenir ce marathon qu’est l’hospitalisation. Les soignants recommandent régulièrement de vous accorder ces instants de pause pour recharger vos batteries et pouvoir être pleinement présent pour votre enfant lors de vos visites.
Quitter l’hôpital et laisser son nouveau-né derrière soi n’a rien d’une expérience agréable pour les parents. Heureusement, le soutien continu de l’équipe médicale et leur disponibilité servent à mieux supporter cette contrainte. Gérer la distance quand son bébé reste en néonat demande de la patience et d’accepter parfois de demander de l’aide quand vous en éprouvez le besoin. Cet éloignement sera peut-être prochainement réduit, on l’espère, avec l’instauration du suivi à domicile. En attendant, si vous cherchez un accompagnement pendant votre séjour en néonatalogie, nous avons élaboré un guide pour les parents de bébé prématuré avec l’aide des soignants qui soutiennent Petit mais Costaud depuis les premiers jours.
Et vous, comment avez-vous géré cette distance pendant votre parcours en néonatalogie ? Si vous le souhaitez, vous pouvez nous partager votre histoire sur notre page contact, en message privé sur nos réseaux sociaux (Facebook et Instagram) ou dans les commentaires de cet article.
Derniers commentaires