Comment être un super parent ? Qui ne s’est pas déjà posé cette question, avant l’arrivée de son enfant, puis de manière récurrente ensuite ! Autant vous l’annoncer d’emblée, nous ne prétendons pas ici apporter une réponse définitive à cette question, et encore moins adopter un ton moralisateur sur ce qu’un bon parent devrait être ou ne pas être, faire ou ne pas faire, etc. Entre injonctions sociales, volonté de bien faire, culpabilité parfois, le chemin de la parentalité n’est pas toujours aisé !
En revanche, cet article vous partagera les 8 caractéristiques communes des parents dont les enfants ont “réussi”, d’après l’étude et le livre passionnants réalisés par Ronald F. Ferguson, de l’université d’Harvard, et la journaliste Tastsha Robertson. Les auteurs nous donnent une direction à suivre et des principes à avoir en tête pour nous orienter dans nos paroles et nos comportements quotidiens.
Ils nous ont inspirés dans notre parcours de parents imparfaits mais heureux, et nous espérons qu’ils pourront vous être tout aussi utiles !
Sommaire
Super Parents : qu’appelez-vous réussir ?
“Fully realized human being = smart + purpose + agency”
“Être humain pleinement réalisé = intelligence + objectif/sens + action” (traduction personnelle)
L’ambition de tout parent dans la vie est que son enfant réussisse. Oui, mais qu’appelle-t-on réussir ? Selon Ronald F. Ferguson et la journaliste Tastsha Robertson, il ne s’agit pas d’obtenir un diplôme prestigieux ou d’un salaire à 6 chiffres. La réussite est plus abstraite. Elle est davantage liée à un état d’épanouissement personnel et professionnel. Cela nous donne d’ores et déjà une première piste : aider nos enfants à mieux se comprendre eux-mêmes, pour identifier ce qui leur procure de la satisfaction et définir plus tard des objectifs de vie cohérents !
Cela implique entre autre de se focaliser davantage sur des critères de réussite “internes” (qu’est-ce que j’aime faire, qu’est-ce qui fait que je suis content de moi), plutôt que des critères “externes” (je suis satisfait parce que je suis premier de la classe, parce que j’ai gagné cette compétition, ou plus tard parce que j’ai obtenu un gros salaire).
Les critères externes ont bien sûr une utilité – le monde du sport en est un exemple évident ! Néanmoins, la détermination de “critères internes” d’épanouissement et de réussite semble jouer un rôle crucial dans le développement de la confiance en soi chez l’enfant et le futur adulte.
En synthèse, la détermination du sens que l’on souhaite poursuivre, de “son” propre sens, allié à l’intelligence et l’action, permet de mener une vie épanouie : on agit de manière intelligente (et performante) et on atteint les objectifs que l’on s’est fixé au service de ce qui fait sens pour nous.
Cette aparté terminée, intéressons-nous à présent aux conclusions de Ronald F. Ferguson et Tastsha Robertson. Les auteurs de “The formula” ont donc interviewé plusieurs centaines d’adultes épanouis personnellement et professionnellement, et les ont questionnés sur la manière dont ils avaient été élevés. Ils ont ensuite “synthétisé” la “formule” de la parentalité : elle contient 8 facteurs clés que nous vous proposons de découvrir ensemble.
Notre article se fonde sur les interviews de Ferguson et Robertson, mais se permet des digressions et avis personnels liés à notre propre expérience et nos connaissances. Nous ne cherchons ainsi pas ici à produire un résumé fidèle du livre The Formula. Pour aller plus loin, n’hésitez donc pas à consulter les sources directes (dont la vidéo mise en lien) ou le livre (que nous n’avons pas lu de manière exhaustive et ne pouvons pas intégralement résumer).
Être un super parent : les 8 facteurs clés
Être un guide d’apprentissage dès le plus jeune âge
“The early learning parenting (problem solving & learning skills)”
Le premier facteur commun des parents dont les enfants ont réussi est, selon Ferguson, que ces parents ont été des “guides” pour leurs enfants dès leur plus jeune âge. Ils les ont accompagnés dans leur éveil, dans leurs apprentissages. Ils les ont aidés à découvrir le monde en expérimentant, par des expériences ludiques mais aussi en se confrontant à des problèmes adaptés à leur âge, qu’ils les aidaient à résoudre.
Cette attitude permet d’instiller très tôt une curiosité intense pour le monde, et une confiance dans la capacité à le comprendre, à y trouver sa place et à relever les défis auxquels on est confronté !
Être une tour de contrôle pour son enfant
“Flight engineer : life is a journey”
Ferguson utilise la métaphore très à propos de la tour de contrôle d’un aéroport.
Tout comme une tour de contrôle le fait pour les avions de l’espace aérien, les parents ;
- Guident leurs enfants dans un monde complexe, aux possibilités innombrables, mais aux risques de collisions importants.
- Assument le rôle de contrôle, la fixation de certaines règles à respecter pour vivre dans le respect des autres – et de soi-même
Anticiper les obstacles et apporter les ressources nécessaires à son enfant
“The fixer : resources & allies”
Pendant l’enfance puis l’adolescence, le “super parent” a veillé à apporter à ses enfants les ressources nécessaires pour qu’ils relèvent les défis et les problématiques auxquels ils étaient confrontés.
On ne parle pas ici d’argent, ou pas uniquement. Il s’agit par exemple d’accompagner son enfant dans son parcours scolaire, de lui fournir les manuels et autres ressources “intellectuelles” adaptées, mais aussi d’identifier des personnes ressources (les alliés) vers qui orienter son enfant, ou soi-même en tant que parents.
Nous n’excellons pas tous en mathématiques ou en Français, en football ou en danse. Il s’agit par exemple d’identifier les personnes – adultes ou enfants – et les réseaux – associations, clubs… – qui vont permettre à son enfant de progresser dans les domaines où il le souhaite, ou ceux où il en a besoin !
Révéler le monde : accompagner l’enfant dans la découverte de ses possibilités et du monde
“The revealer : show the big world and opportunities”
Dans la continuité des points précédents, les parents dont les enfants ont réussi ont continuellement ouvert leurs enfants au monde et à ses possibilités. Que ce soit en discutant autour d’un repas, en randonnant sur les pavés urbains ou les sentiers de montagne, en jouant ou encore en expérimentant – une expérience scientifique, une activité sportive, un instrument de musique… Les possibilités sont nombreuses, dont le point commun est l’ouverture des enfants à la nouveauté, à l’exploration, à la curiosité, pour comprendre le monde, et en même temps mieux se comprendre !
Être philosophe et répondre à la quête de sens de son enfant
“The philosopher : find purpose”
Dès 2 ans, nos enfants peuvent nous poser des questions très profondes, à même de nous désarçonner !
Qui n’a pas déjà répondu par un rire affectueux accompagné d’une phrase comme “tu es trop jeune pour comprendre”, ou “nous en reparlerons dans quelques années”.
Ferguson et Robertson nous conseillent au contraire de prendre le temps de répondre à ces interrogations, quitte à laisser le temps nécessaire – même plusieurs jours – avant de revenir vers notre enfant avec une réponse appropriée.
Ils nous conseillent également de verbaliser les émotions et les états d’âme – ceux de nos enfants comme les nôtres !
Être un modèle : le super parent fait ce qu’il dit
“The model”
C’est bien connu, nos enfant imitent bien plus ce que nous faisons que ce que nous disons s’il existe un écart entre les deux.
L’adage “faites ce que je dis pas ce que je fais” ne s’est jamais aussi bien reflété que dans le comportement des enfants, qui nous renvoient souvent à nos actes, plus qu’à nos belles paroles 🙂
Dans l’étude menée par Robertson et Fergusson, il ressort très clairement que les enfants considéraient que leurs parents avaient agi en accord avec leurs principes et les valeurs qu’ils défendaient. Ils ont ainsi incarné de réels modèles pour leurs enfants, pour qui la cohérence entre les discours et les actes est devenue une valeur importante.
Apprendre à négocier : l’assertivité sans l’agressivité
“The negotiator”
Il s’agit ici d’aider son enfant à exprimer et défendre son point de vue, ses convictions et ses opinions, tout en faisant la distinction entre affirmation de soi et agressivité.
Cette compétence lui sera très utile dans les nombreuses situations de négociation, voire de rapport de force auxquelles tout un chacun est confronté : négociation dans son cercle familial et amical, négociation pour l’achat ou la vente d’un bien, négociation salariale…
Progressivement, l’enfant puis l’adolescent devenu adulte apprend à défendre son propre intérêt, sans se laisser intimider mais sans verser dans l’agressivité.
Votre enfant essaie souvent de négocier avec vous ? Pour se coucher plus tard, manger une glace, jouer aux jeux vidéos ou ne pas faire ses devoirs… il exerce en fait son sens de la négociation !
Inception : devenir le GPS intérieur de nos enfants
“The GPS Navigational role”
Notre formulation de ce 8e et dernier point est bien sûr à prendre sur le ton de l’humour. Derrière ce trait d’humour se cache néanmoins un concept psychologique sérieux, l”introjection”.
Le principe est simple : nos enfants se construisent progressivement une représentation de nous – leurs parents – à partir de ce que nous leurs disons, de ce que nous faisons, de notre relation au fil des années… Nous avons bien sûr fait de même avec nos parents, mais aussi avec nos amis proches, etc.
Nous avons en nous une “représentation” de nos parents qui nous permet d’imaginer comment ils se comporteraient dans telle situation, ce qu’ils nous diraient ou nous conseilleraient, etc…
Nous ne nous apesentirons pas ici sur le fonctionnement ni sur les conséquences positives et négatives de cette capacité d’introjection que nous avons tous, et qui fait le lit de nombreux psychanalystes ! C’est cependant un mécanisme utile lorsqu’il s’est construit sur des relations saines !
Ainsi, une fois nos enfants adultes, nous continuerons de les guider (certains pourront dire de les hanter), dans leur vie, leurs choix et leurs projets, à travers l’image qu’ils se sont construits de nous – c’est d’ailleurs vrai pour toute personne qui aura eu un impact significatif pour eux.
A nous donc de laisser une image constructive, positive, guidante mais “autonomisante” et aimante !
Être un super parent – imparfait mais heureux, c’est tout un programme !
Super Parent : pour aller plus loin
- Vidéo de présentation de l’étude (en anglais): https://youtu.be/CzCctYy32Pg
- Livre “The formula : Unlocking the secrets to raising highly successful children” by Ronald F. Ferguson and Tastsha Robertson” (en anglais)
- Notre article sur la méthode Montessori, dont les principes résonnent fortement avec cette étude.
Merci de nous avoir lus, et n’hésitez pas à nous partager ci-dessous vos commentaires et vos remarques !
Un beau résumé pour nous guider dans l’accompagnement de nos enfants ! Merci 😉
Brieg
Merci Brieg !
Super article. J’aime la partie qui dit « un parent fait ce qu’il dit », je trouve que c’est vraiment très important effectivement et ce n’est pas toujours le cas ce qui fait que l’enfant ne sait plus trop quoi penser.
Merci Maëva. C’est en effet un point central pour nous. Et si cela arrive nécessairement de ne pas faire ce que l’on dit, nous ne sommes pas parfait, c’est néanmoins une incitation à s’en rapprocher le plus possible, et cela ouvre des pistes de réflexion et d’amélioration lorsque l’on se rend compte d’un écart entre la parole et les actes 🙂
J’aime beaucoup le concept de réussite ici qui est plutôt un accomplissement de soi. C’est très important pour les enfants mais je pense que beaucoup d’adultes pourraient se remettre en question par rapport à ça aussi 😊On a tellement tendance à se fixer des objectifs qui sont beaucoup trop écartés de notre épanouissement.
Sinon, je trouve ces conseils vraiment très intéressants. Ce n’est pas facile de garder le cap et de trouver la bonne façon d’accompagner son enfant.
Merci pour cet article très intéressant!
Merci Nadia. Oui nous sommes convaincus qu’il est important de chercher à définir sa propre version de la réussite, “qu’est-ce qui fera que je me sente épanoui”. On se rend alors souvent compte qu’on s’éloigne de critères extérieurs, matériels (une somme d’argent, un statut social…) et que l’on se recentre sur nous, ce qui nous intéresse… Et effectivement cela concerne également bon nombre d’adultes (dont nous-mêmes 🙂 ). En le faisant pour nous parents, on montre aussi la voie pour nos enfants 🙂 Bonne continuation
Bonjour Gaël, merci beaucoup pour cet article. Je trouve vos conseils pertinents et ludiques. Je pense que la clé d’une belle relation parent-enfant est la bienveillance, le respect et l’accompagnement. Votre blog est une très belle découverte, j’ai hâte de lire vos prochains thèmes. Bonne continuation, Sarah
Bonjour Sarah, merci beaucoup pour votre commentaire ! Je partage votre avis : la bienveillance est une valeur centrale pour nous 🙂 Une notion parfois galvaudée, tournée en dérision,ou mal comprise, mais je suis convaincu que c’est la pierre angulaire de relations saines et épanouissantes, avec ses enfants et plus largement !
Merci pour ce résumé. J’avoue que si je m’étais arrêtée à la couverture, je n’aurais pas du tout été tentée d’ouvrir ce livre dont le titre et le sous-titre sonnent trop injonction-parents-parfaits-enfants-parfaits-top-succesful. Alors que maintenant, lui et moi, on a l’air alignés 😊
Merci Gwen pour ton commentaire ! Cela a aussi été une belle découverte pour nous, les injonctions de parents parfaits pour enfants parfaits (ou l’inverse) nous donnent de l’urticaire 🙂